À la demande du procureur de la République de Rouen, et avec le soutien de la fondation Brigitte Bardot, les services de l'État ont procédé vendredi 10 mars au retrait de plusieurs centaines de bovins d'une exploitation de Vatteville-la-Rue, en Seine-Maritime. Les bêtes, dont beaucoup de vaches gestantes, étaient en état de sous-nutrition importante.
Tout le cheptel, composé de plusieurs centaines de bovins, a pu être sauvé. Vendredi 10 mars 2023, les services vétérinaires de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) et la gendarmerie, avec l’appui de la fondation Brigitte Bardot (FBB), ont engagé une importante opération de retrait de bovins d'une exploitation située sur la commune de Vatteville-la-Rue, en Seine-Maritime.
Selon la fondation, le cheptel était composé de très nombreuses vaches gestantes et d'un grand nombre de veaux. Les animaux étaient également "en très grande souffrance" et "très maigres", selon la FBB.
Quelques jours plus tôt, le mardi 7 mars, des opérations de contrôles administratifs avaient eu lieu dans cette exploitation. Elles "avaient révélé un grand nombre de manquements sérieux aux règles de la protection animale, susceptibles de constituer des infractions", explique la préfecture de Seine-Maritime dans un communiqué.
Absence de soins et sous-nutrition
Les services vétérinaires avaient alors constaté des conditions de vie et de détention des bovins incompatibles avec leurs besoins physiologiques. Ils avaient notamment noté un "défaut d'abreuvement", et un "manque caractérisé d'alimentation de qualité". La sous-alimentation avait alors créé une compétition entre les animaux, isolant les plus faibles, et certains présentaient "des pathologies démontrant une absence de soins évidente".
Un bovin avait ainsi dû être euthanasié par les services vétérinaires qui avaient également relevé "la présence de nombreux cadavres de bovins" dans l'exploitation. Ces constatations avaient donc fait l'objet d'une dénonciation officielle au procureur de la République.
Vendredi, les services de l'État ont ainsi procédé à l'évaluation du nombre précis d'animaux sur l'exploitation et à l'"examen approfondi de leur état de santé et de leurs conditions d'élevage". Les services vétérinaires ont poursuivi leurs investigations afin de détecter d'éventuelles maladies animales. Et ils ont effectué un contrôle approfondi de l'atelier de transformation de la viande à la ferme, situé sur le site.
Les bovins placés dans des pensions
Tous les animaux ont été confiés à la fondation Brigitte Bardot en attendant le jugement. Elle les a répartis sur cinq sites partenaires de la région chez des éleveurs normands qui se sont engagés à arrêter leur activité d'élevage pour la consommation. Ils accueillent ainsi les animaux contre le versement d'une pension. "Nous avons d'ailleurs constaté que cela change le rapport des éleveurs à l'animal", note Christophe Marie, porte-parole et directeur adjoint de la fondation Brigitte Bardot.
Quelle que soit l'issue, on veillera à ce que les animaux soient pris en charge et qu'ils ne repartent pas dans le circuit de la consommation.
Christophe Marie, porte-parole et directeur adjoint de la fondation Brigitte Bardot
"Nous n'intervenons pas contre les éleveurs", souligne-t-il, "mais quand on arrive à une situation de maltraitance, on doit intervenir avec les services de l'État". La fondation veille également à ce qu'il y ait bien un accompagnement psychologique de la personne, "qui subit un choc". "Tout est fragile dans ce genre de situation, y compris parce que c'est violent pour la personne qui est souvent dans le déni", appuie le porte-parole de la fondation.
Dans son communiqué, la préfecture précise que l'éleveur avait déjà fait l'objet de plusieurs avertissements et mises en demeure depuis le début de l'année 2020 concernant l'état sanitaire de son cheptel.