Les “Nuit debout“ occupent Saint Nicaise, une église désacralisée à Rouen

Depuis 5 jours les membres d’un collectif issu de la “Nuit debout“ rouennaise occupent illégalement l’église désacralisée Saint Nicaise à Rouen. Laissé à l’abandon depuis une vingtaine d’années, le bâtiment, propriété de la ville de Rouen, fait l’objet d’un arrêté de mise en péril.

En faire un lieu de culture et d’échanges

Les occupants qui récusent le qualificatif de squatteurs entendent y mettre en pratique un "mieux vivre ensemble".
L’écriteau posé sur la porte d’entrée du presbytère donne le ton : “Chers riverains, depuis quelques jours un collectif issu de Nuit debout et de la Lutte contre la loi travail occupe l’église Saint Nicaise. Notre projet est de rénover l’église et ses dépendances et de faire de cet endroit un lieu de rencontres et d’échanges, d’art et de culture ouvert à tous“. Un autre écriteau nous alerte : “ne jetez pas vos mégots par terre. Il y a des cendriers partout“.

Une occupation depuis jeudi 

Les occupants, une soixantaine selon le collectif, se relaient sur place depuis jeudi. Jour et nuit. Des lycéens présents mardi matin attendaient la venue d’un huissier dépêché par la ville pour constater l’occupation. La commission “droit et justice“ des Nuit debout a contacté dès lundi un avocat.
"Oui nous sommes des utopistes mais nous ne sommes pas des squatteurs. Cette maison du peuple, cette “église du pauvre“ ou "Commune Saint Nicaise" comme on l’a rebaptisée, n’est pas un repère d’alcooliques et le voisinage l’a bien compris », explique un jeune homme d’une vingtaine d’années à la voix posée se surnommant Monsieur Debout. S’il travaille habituellement dans le social, le porte-parole du collectif ambitionne ni plus ni moins la restauration de l’église. « Nous recherchons des maçons, des architectes et des mécènes pour monter un projet et réhabiliter le bâtiment », poursuit-il. A l’intérieur, les œuvres d’art ou les objets de valeur ont été soigneusement stockés et bâchés dans un coin. Un immense tapis rouge a été installé à la hâte le long d’une travée.

Pas de dégradation

"Vous pouvez le constater il n’y a aucune dégradation"», rassure Monsieur Debout. C’est à peine si l’on remarque sous une antique et affreuse stèle dédiée à “Notre dame de Lourdes notre mère du ciel“ un panneau où l’on peut lire : “VRP politiques dehors“. Personne ne s’attarde sous la nef en béton de l’ancien chœur qui menace de s’effondrer à tout instant. Un jeune qui a échappé au service d’ordre maison joue pourtant de l’orgue. Il se fait aussitôt raccompagner fermement vers la sortie. « Le jardin et les salles paroissiales seront ouverts au public mais pas l’église tant que le danger subsistera », confirme notre interlocuteur « conscient des risques ». Aucun problème de ce genre en revanche dans les anciennes salles paroissiales qui longent l’édifice en rez-de-chaussée. C’est ici que se tiendront les débats autour d’une société de demain « plus juste ». Comme par exemple sur « l’étincelle » de la loi travail. Mardi les militants étaient invités à saturer le standard du ministère du travail d’appels téléphoniques. « En une phrase dites-leur quelque chose comme : "En tant que citoyen je tiens à vous dire que je désapprouve la loi travail et encore plus le recours au 49:3" », recommandait au milieu du jardin une militante. 

Photo : le tract distribué dans les rues environnantes de l'église

 

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