Le Neufchâtel, premier fromage normand dans un classement américain

Le fromage en forme de cœur arrive en 33ᵉ position du classement du site Taste Atlas sur les 100 meilleurs fromages du monde. L'emblématique camembert n'est que 88e. Les Italiens prennent toutes les premières places.

Sacrilège ! pour un Français amateur de fromage. Le dernier classement des 100 meilleurs fromages du monde, publié par le site américain Taste Atlas le 13 février dernier, fait la part belle aux productions italiennes : Parmesan, Gorgonzola et Burrata occupent les trois premières places du podium. Huit des dix premiers au classement sont fabriqués chez nos voisins transalpins. Le premier français, le Reblochon, est seulement 13e et le premier représentant normand 33e : c'est le Neufchâtel. Le camembert, pourtant emblème de la gastronomie française dans le monde entier, n'arrive qu'en bas du classement, à la 88ᵉ place. 

Un classement établi par les utilisateurs du site

Taste Atlas est une base de donnée de plus de 15 000 plats et produits dans le monde. Régulièrement, la plateforme publie des classements à partir des notes de ses utilisateurs.

"Nous avons développé un système qui contrôle le comportement des visiteurs de notre site. Leurs évaluations sont validées, en recalant par exemple les votes purement nationalistes ou les évaluations de robots" explique Lara, une salariée du site que nous avons contactée. 

Pour établir le classement des cent meilleurs fromages du monde publié le 13 février 2023, et le second regroupant les cinquante meilleurs (sorti le 15 février), Taste Atlas s'est basé sur les 28 371 évaluations validées de ses 125 354 utilisateurs. C'est ainsi que le Neufchâtel se retrouve à la 33e place dans le classement du 13 février (35ᵉ dans celui du 15/02/23).

Le succès des Italiens s'explique sans doute par le fait que "parmesan", "gorgonzola" ou "burrata" sont des marques mondialement connues. Ces fromages sont massivement exportés et font aujourd'hui partie de la gastronomie mondialisée, ce qui est rarement le cas des produits français. 

Les fromages normands peinent à se faire connaître à l'étranger

La Normandie compte quatre fromages au lait cru A.O.P. (Appellation d'origine protégée) : le Camembert, le Livarot, le Pont-l'Evêque et le Neufchâtel. Ce dernier, renommé pour sa forme de cœur, a connu une augmentation de vente de 3,6% entre 2020 et 2021 (chiffres de la filière AOP fromagère normande) avec 1 633 tonnes produites en 2021. Seules 60 tonnes partent à l'export. Les ventes à l'étranger concernent surtout les pays frontaliers de la France (Belgique, Allemagne et Espagne).

L'un des principaux freins au développement des ventes à l'étranger est l'utilisation de lait cru. De nombreux pays, au premier rang desquels les États-Unis n'autorisent que les importations de fromages au lait pasteurisé.

Un manque de Neufchâtel pour l'export

Dans le cas précis du Neufchâtel, les quantités disponibles à l'export restent limitées. Le syndicat ODG du Neufchâtel a lancé une réflexion sur son cahier des charges afin de pouvoir augmenter la production. 

Le cahier des charges du Neufchâtel concerne avant tout la production du lait. La zone s'étend sur 60 km par 40 km, dans la pays de Bray. Les vaches doivent pâturer au moins six mois par an, avec une nourriture sans OGM. Le troupeau doit compter au moins 60% de vaches normandes. Elles produisent moins de lait que les Holstein, mais il est plus riche en matières grasses. Les vaches doivent être au maximum quatre par hectare, c'est la taille d'un terrain de foot.

Pierre Villiers, président du syndicat du Neufchâtel

L'objectif est de renfoncer le nombre de vaches pour produire une plus grande quantité de lait certifié AOP et donc plus de fromage.

Un manque de notoriété

Si les quantités de Neufchâtel disponibles à l'export augmentent dans le futur, il faudra accompagner le mouvement d'une vaste campagne de communication, pour faire connaître le fromage normand dans le reste du monde, confirme le président du syndicat. Et de rajouter qu'il n'en a pas les moyens pour le moment. Une solution peu coûteuse serait que des personnalités des réseaux sociaux s'emparent du produit. C'est le cas de Thomas Pesquet qui a twitté sur le cœur de Neufchâtel à l'occasion de la Saint Valentin.


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