Le château de Serquigny (Eure) a été ravagés par les flammes le 31 décembre 2023. Cette dernière décennie, de nombreux monuments historiques de la région ont subi des incendies, réduisant en cendres des lieux patrimoniaux uniques.
Deux façades et une aile. Voilà ce qu'il reste du château de Serquigny, victime d'un terrible incendie dimanche 31 décembre 2023. La toiture et les planchers n'ont pas résisté aux flammes, pas plus que les quatre cheminées de la bâtisse du XVIIe siècle, classée aux Monuments Historiques.
Si, heureusement, personne n'a péri dans le brasier, cela demeure une tragédie pour le patrimoine régional. D'autant que ces dernières années, plusieurs châteaux et manoirs de Normandie ont déjà été ravagés par des incendies.
Manoir d'Arques-la-Bataille (Seine-Maritime)
Châteaux, manoirs, maisons de maîtres, église : Arques-la-bataille est l'une des communes normandes renfermant le plus de bâtiments d'intérêts patrimoniaux. Trois d'entre eux sont d'ailleurs inscrits aux Monuments historiques. Le 14 septembre 2023, un de ces manoirs est parti en fumée.
Bâti sur trois niveaux au XVIIe siècle, d'une superficie de 400 m², il avait servi de couvent pour les Bernardines. Le jour du sinistre, six adultes et un enfant ont échappé à la mort.
Château d'Aunay-les-Bois (Orne)
"500 ans d'histoire sont partis en fumée". Ces mots sont prononcés par Steve de Romanet le 8 décembre 2021. Fils du propriétaire des lieux, il n'a pu que constater un château en ruine, dévasté par les flammes. Les fondations du château érigé par le baron d'Aunay remonteraient "aux Vikings". L'édifice avait été reconstruit au XVIIe après un incendie. Depuis cette époque, sa silhouette n'avait guère changé.
La façade et les toitures étaient classées aux Monuments historiques depuis 1971. "Le château tel qu'on l'a connu depuis Henri IV a vécu. Je ne sais pas si vous pouvez l'imaginer, mais la toiture était aussi haute que la maison. Jamais on ne pourra reconstruire ça", se désolait Steve de Romanet, tout de même soulagé que son père ait pu s'extraire des lieux avant l'embrasement quasi-total.
Le Château Lambert de Oissel (Seine-Maritime)
Manoir du XVIIe siècle, et deuxième bâtiment le plus vieux de la ville, le Château Lambert tenait son nom de l'un de ses plus illustres propriétaires, Prénommé Joseph, directeur de la Monnaie et trésorier de la Ville de Rouen entre 1786 et 1817. Dans la nuit du 11 au 12 mai 2021, sa toiture a été détruite par les flammes.
Propriété de la mairie de Oissel depuis 2016, le bâtiment était laissé à l'abandon, régulièrement squatté selon des témoignages. Pour le sauver de la démolition, une pétition a été lancée par le Comité citoyen de Sauvegarde du Patrimoine et de l'Environnement d'Oissel et des Boucles de la Seine.
En décembre 2022, l'édifice a été racheté par deux promoteurs. Les travaux du projet de 80 logements, un restaurant et des salles de réunion devraient débuter en 2024.
Château de Magny-en-Bessin (Calvados)
Dans la nuit du 16 au 17 mars 2016, un incendie s'est déclaré dans la toiture du château de Magny-en-Bessin, situé entre Bayeux et Arromanches. Déjà délabré depuis plusieurs années, l'édifice est à moitié détruit. Il s'agit de l'un des plus grands châteaux du Calvados, construit au début du règne de Louis XV, à partir de 1728 par Nicolas-Joseph Foucault fils.
Il devient ensuite Kommandantur sous l'occupation nazie, puis filature après la guerre. Un peintre néerlandais en avait ensuite été le propriétaire dans les années 80. Après son incendie en 2016, la solidarité s'est organisée via une association de sauvegarde qui compte près de 150 membres.
Pour protéger ce qu'il reste de l'édifice, des subventions de la Mission Bern, via le loto du Patrimoine, mais aussi de la DRAC et du Département du Calvados ont été versées.
Château La Fontaine à Hénouville (Seine-Maritime)
Ce samedi 12 janvier 2013, l'incendie s'est déclaré sous la toiture, en fin d'après-midi, au château La Fontaine d'Hénouville. Les flammes ont ravagé une grande partie de la toiture de l'aile droite et de l'entrée principale, sans toutefois qu'il n'y ait de blessés à déplorer.
Construit au XIXe siècle (1870), il borde la vallée de la Seine sur un parc de deux hectares. Propriété de la famille Coisy, traiteur renommé, il a abrité de nombreux mariages depuis les années 70 jusqu'à ces dernières années.
Inondé en 1997, attaqué par les flammes en 2013, il est aujourd'hui entièrement habitable. Le dernier étage a été refait à neuf, et la toiture a été reconstruite à l'image de ce qu'elle était avant l'incendie. Le Château de La Fontaine est aujourd'hui en vente pour un peu moins de deux millions d'euros.