Des protections périodiques gratuites, ce n'est plus une exception dans les établissements scolaires. A Dieppe l'expérience est concluante. Le lycée Alain à Alençon va plus loin en proposant aussi des protections menstruelles lavables.
Les élèves du lycée s'accordent là-dessus. C'est normal d'avoir accès à des protections hygiéniques gratuites. "Ce n'est pas des moments faciles les règles. On a besoin d'être soutenue, et ça coûte très cher!" confie l'une des lycéennes. "Pour nous les mecs, les capotes c'est gratuit à la pharmacie, alors c'est bien que pour les filles, les protections soient gratuites au lycée. Y'en a qui n'ont pas les moyens d'acheter", renchérit Emirhat.
Des serviettes hygiéniques lavables proposées aux lycéennes
L'établissement alençonnais s'est déjà doté de distributeurs gratuits de tampons et serviettes hygiéniques bio. C'était l'année dernière. Cette fois, la démarche va plus loin : l'établissement propose aux jeunes filles d'expérimenter les protections lavables.
Marine, infirmière scolaire, précise que "c'est dans les demandes exprimées par les jeunes d'aller vers plus d'écologie." Concrètement, les protections faites de bambou, de coton et d'une bande imperméable se nettoient à l'eau froide et au savon détachant avant de passer en machine à 40°C. Ces protections seront distribuées à la demande en passant par l'infirmerie et pas en libre-service.
Un distributeur de serviettes hygiéniques souvent vide
Lavables ou pas, les distributeurs en libre-service se sont généralisés dans les établissements scolaires et les universités. Comme à Dieppe ou la ville a financé huit distributeurs l'an dernier pour des collèges et lycées.
Emmanuelle Sammut, principale-adjointe au collège René Coty d'Auffay explique que les "jeunes filles devaient venir à l'infirmerie ou à la vie scolaire avant que le distributeur n'existe. Mais certaines n'osaient tout simplement pas ou envoyaient parfois un copain demander une protection. Le distributeur a répondu à un vrai besoin."
À ses yeux, "il n'y a pas d'abus globalement en termes d’utilisation, même si en théorie, c'est censé être du dépannage en cas de besoin. Mais parfois, les jeunes filles n'ont pas les moyens d'en acheter. Il faut donc réapprovisionner."
On pourrait remplir le distributeur toutes les semaines. Il est souvent vide, et répond certainement à une forme de précarité
Agnès Van Colen, infirmière scolaire au collège René Coty d'Auffay
Restera à veiller à ce que les distributeurs soient fournis, ce qui aura un coût. L'association "Nous deux" avait collecté pour les établissements scolaires de Dieppe des protections. Agnès Van Colen anticipe "une prise en compte à venir dans le budget du collège". La région Normandie apporte aussi un soutien financier de 15 000 euros. Avoir ses règles pour une femme lui coûte entre 5 000 et 7 000 euros, entre ses 12 ans et ses 50 ans.
L'infirmière scolaire Agnès Van Colen estime que le tabou sur les règles est encore bien ancré au collège. "Les filles sont très discrètes, même s'il n'y a pas de gêne vis-à-vis de moi, comme personnel, ça reste un sujet tabou en famille. C'est souvent plus facile d'en parler pour les élèves qui ont des grandes sœurs", estime-t-elle.