Procès du double assassinat à Eu : Cédric P. condamné à 22 ans de prison

Vendredi 20 septembre 2024, tard dans la soirée, Cédric P. a été condamné à 22 ans de prison dans le procès du double assassinat commis à Eu en 2019, qui se tenait depuis mardi aux assises de Rouen. Il est accusé d'avoir mortellement tiré sur son ex-femme et son nouveau compagnon.

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22 ans de prison pour Cédric P., dans le procès du double assassinat commis à Eu dans la nuit du 4 au 5 février 2019. La délibération aura duré moins de 3 heures et le verdict rendu dans la soirée vendredi 20 septembre 2024.

Cédric P. devrait passer 18 années supplémentaires sous les verrous, en plus de ses 4 ans déjà passés en détention provisoire. Une peine inférieure aux réquisitions de l'avocat général qui avait demandé 25 ans.

La préméditation n'a finalement pas été retenue

Dans cette affaire, les jurés ont notamment retenu que l'acte n'avait pas été prémédité. Le jury a retenu une circonstance aggravante, celle de "meurtre par conjoint". 

Cédric P. comparaissait depuis mardi 17 septembre devant la cour d'assises de Rouen, accusé d'avoir tué avec une carabine son ex-femme, Caroline Noureux, et son nouveau compagnon Christophe Granger.

Après avoir fait irruption à leur domicile, Cédric P. avait tiré sur le couple à bout portant, armé de son fusil de chasse. Le couple est mort sous les coups de feu.

L'accusé a toujours nié être allé chez son ex-femme pour la tuer. L'avocate de Cédric P. ne s'est pas encore prononcée sur la possibilité d'un appel.

"Je voulais mettre un terme à tout ça"

Ce vendredi matin, Cédric P. a oscillé entre la froideur et les pleurs, à l'image de la personnalité de l'accusé tout au long de ce procès. Il a raconté une fois encore à la barre cette nuit funeste, où les faits se sont enchaînés.

La découverte d'un achat de lingerie fait par son ex-compagne, sur un site en ligne dont il connaissait le mot de passe, le met en colère. Cédric P. ne supporte pas que Caroline Noureux "tourne la page". Il se met à boire plus que de raison ce soir-là. "Je pensais que ça m'aiderait, en fait pas du tout, j'ai commencé à avoir des idées noires, a-t-il alors expliqué. Je voulais mettre un terme à tout ça, je voulais mettre un terme à ma vie."

L'accusé aurait, dit-il, fait ses adieux ce soir-là à leur petit garçon, Thomas, dont il avait la garde, envisageant de se suicider. "À ce moment-là, j'étais irrationnel".

Une confusion retrouvée ce matin dans ses explications à la présidente, lorsque l'accusé évoque son irruption au domicile du couple, et sa confrontation avec Caroline Noureux et Christophe Granger.

L'accusé a pourtant réaffirmé ce vendredi matin qu'il souhaitait mettre fin à ses jours, devant son ex-compagne, pour la faire culpabiliser.

La préméditation en question

La présidente s'est impatientée face à tant d'incohérences. L'accusé ne sait plus, ou ne se souvient pas, présentant les faits comme ceux d'un homicide involontaire. Or l'homme est un chasseur, et sait qu'on ne tient pas une arme avec le doigt sur la gâchette.

Une attitude qui n'est pas logique par rapport à sa prétendue volonté de se suicider. Il aurait alors fallu mettre le canon du fusil dans l'autre sens.

La question de la préméditation est décisive dans ce procès. Le meurtrier présumé avait-il en tête l'idée de tuer Caroline Noureux et Christophe Granger, en se rendant cette nuit-là à leur domicile, armé d'un fusil de chasse ?

"Il ne va pas me tuer quand même ?"

Cédric P. a donné une version "rocambolesque" des faits, selon Me Rose-Marie Capitaine, l'avocate de la famille de Christophe Granger. "Cet homme est déterminé... après le passage à l'acte, quelle lucidité, quel sang froid. Cette histoire de suicide, je n'y crois pas un instant". L'avocate a rappelé aujourd'hui qu'il n'y avait sur la scène du crime aucune trace de lutte ou d'affrontement.

Quelque temps avant le drame, Caroline avait confié à l'une de ses amies le harcèlement qu'elle subissait de la part de son ex-conjoint, qui l'espionnait et lui envoyait sans cesse des messages, ou se rendait sur son lieu de travail de façon intempestive.

"Il ne va pas me tuer quand même ? Peut-être que si, il est suffisamment taré pour ça", lui avait-elle dit. 

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