Qui est Adel Kermiche, l'un des assassins du père Hamel ?

Ce jeune-homme de 19 ans est le premier terroriste identifié dans le cadre de l'enquête sur la prise d'otage mardi matin dans l'église de St Etienne du Rouvray près de Rouen. Il habitait toujours dans la commune. La première perquisition s'est d'ailleurs déroulée chez les parents d'Adel Kermiche. 

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Adel Kermiche est né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan, près de Rouen. Il a grandi à Saint-Etienne-du Rouvray (Seine-Maritime). Il était connu des services antiterroristes et était visé par une fiche S. Ce Français de 19 ans avait tenté de rallier la Syrie par deux fois en 2015. D''abord en mars  via l'Allemagne alors qu'il était mineur, mais il avait été interpellé, puis en mai alors qu'il était majeur via la Suisse, puis la Turquie où il avait été arrêté.

Mis en examen dès mars 2015 pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, il avait été placé en détention provisoire à l'issue de sa deuxième tentative, puis libéré en mars 2016 et assigné à résidence sous bracelet électronique en attendant son jugement. Il avait comme obligation de résider au domicile familial avec le droit de sortir du lundi au vendredi de 08H30 à 12H30 et samedi, dimanche et jours fériés de 14H00 à 18H00, avec l'interdiction de quitter le département, une obligation de pointage une fois par semaine au commissariat, de justifier de son activité professionnelle et de remettre sa carte d'identité et son passeport. Ces précisions ont été données mardi soir par le procureur de Paris François Molins.

Le parquet de Paris avait fait appel de cette libération, sans obtenir gain de cause.L'utilisation du bracelet électronique fait déjà débat. Ce mercredi matin le représentant rouennais du syndicat Alliance Police Nationale. Pour Karim Bennacer, la place d'Adel Kermiche était derrière les verrous :


Des témoignages contradictoires sur sa personnalité

"Il ne nous parlait jamais", a confié voisin de la famille du jeune homme. "Je l'ai vu pour la dernière fois vendredi. Il jouait au foot dans son jardin", a dit cet homme de 60 ans. Il a ajouté ne l'avoir "jamais vu à la mosquée" où il se rend tous les jours. "Je ne l'ai jamais vu fréquenter la mosquée", a confirmé le président du conseil régional  du culte musulman de Haute-Normandie, Mohammed Karabila.

Dans la ville, d'autres connaissances ont dressé un portrait contradictoire de l'assaillant présumé.
"Je ne suis pas étonné, il m'en parlait tout le temps", a déclaré sur RTL un adolescent qui a assuré faire partie de ses connaissances.
"Il parlait d'islam, qu'il allait faire des trucs comme ça. Il m'a dit  'je vais aller faire une église' il y a deux mois. Je l'ai pas cru, il disait beaucoup de choses." 
"C'était un jeune comme nous, je ne comprends pas comment il a basculé comme ça", a en revanche affirmé une autre connaissance à la radio.
"Il s'est fait retourner le cerveau. Ce qu'il a fait, ça n'a rien à voir avec les musulmans. Il a fait ça de sa propre personne, il a déconné".

Le second terroriste serait identifié 

Selon nos sources, le second terroriste a été identifié. Ce converti de 19 ans serait originaire d'une autre région.

Le mineur en garde à vue n'aurait pas de lien avec l'affaire

Un jeune homme mineur d'origine algérienne a été placé en garde à vue mardi après-midi, dans le cadre des investigations. Il n'a "pas de liens" avec l'attentat d'après les premiers éléments de l'enquête, a indiqué mercredi matin Bernard Cazeneuve, qui reste cependant "très prudent".

"Les premiers éléments qui apparaissent montrent qu'il n'y a pas de liens entre cet individu et ce qui s'est passé hier" (mardi), a déclaré le ministre de l'Intérieur
sur Europe 1. A la question de savoir s'il a apporté un soutien logistique aux deux jihadistes qui ont égorgé un prêtre et gravement blessé un paroissien, le ministre a répondu: "Apparemment non, mais je suis encore une fois très prudent, (...) nous en saurons plus dans les heures qui viennent".

Bernard Cazeneuve a précisé que le jeune homme "avait été placé dans le cadre de l'état d'urgence en assignation à résidence en fin de semaine dernière par la préfète" de Seine-Maritime, Nicole Klein.
Le bracelet électronique rarement utilisé dans les affaires de terrorisme
Le placement sous bracelet électronique, mesure qui concernait l'un des deux auteurs du meurtre d'un prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), vise autant des condamnés que des prévenus en attente de jugement, mais il est rarement accordé dans les dossiers terroristes. 

La surveillance électronique est une mesure qui peut être prise en attente du jugement (personne prévenue). Il s'agit alors d'une assignation à résidence sous surveillance électronique. C'était cette mesure qui concernait Adel Kermiche, celui des deux auteurs du meurtre du prêtre de l'église qui a été identifié mardi. 

Aujourd'hui, sept prévenus pour des affaires de terrorisme islamiste font l'objet d'une assignation à résidence sous surveillance électronique, selon la chancellerie. Mais cette mesure peut aussi être prononcée comme aménagement de peine pour des personnes condamnées ou dans le cadre d'une libération sous contrainte.

Six personnes condamnées pour terrorisme islamiste sont aujourd'hui sous Placement sous surveillance électronique (PSE), a précisé le ministère. Ces condamnés sont considérés comme écroués, mais effectuent leur peine non détenus. 

Ils étaient au 1er juillet 10.642 placés sous surveillance électronique en aménagement de peine, et 315 en placement sous bracelet de fin de peine. Les détenus étaient à la même date au nombre de 69.375. 
Les peines de moins de deux ans de prison, un an en cas de récidive, font l'objet d'un examen obligatoire de possibles mesures d'aménagement avant incarcération, les plus longues à des seuils de détention définis par le code de procédure pénale. La surveillance électronique se fait au moyen d'un "bracelet", placé à la cheville. Il peut se dissimuler sous le pantalon et il est possible de se doucher ou de passer les portiques antivol de magasins avec.

Un boîtier fixe est installé par le service de probation et insertion de l'administration pénitentiaire (SPIP) au domicile du condamné, paramétré avec les heures de sortie autorisées par le juge. Si le condamné et son bracelet ne sont pas signalés à cette base aux heures prévues, une alarme est automatiquement envoyée au SPIP et un agent de probation contacte le condamné, ainsi que le juge d'application des peines (JAP). 

En cas de manquements, le JAP peut décider de sanctions, allant jusqu'au retour en prison. Le directeur général du renseignement intérieur (DGSI), Patrick Calvar, a pointé mi-juillet devant la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 les limites du contrôle judiciaire des personnes mises en examen dans les dossiers terroristes en parlant d'un "angle mort". Pour la DGSI, "il est nécessaire de prévoir des mesures de contrôle judiciaire qui soient très fortes et appliquées à la lettre".
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