Les tourbières, une sorte de marécage, peuvent sembler peu accueillantes. Pourtant elles sont utiles pour la biodiversité, mais aussi pour la rétention d’eau. En Normandie, elles sont parfois menacées. Près de Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), un propriétaire de bois, sous lequel se trouve une tourbière, a décidé de la restaurer.
Si vous marchez sur une tourbière... Il vous suffit de tendre l'oreille pour le savoir. Vous l'entendrez au son de vos pas car c'est une zone humide. Il y a tellement d'eau qu'elle empêche la décomposition de la matière organique, qui s'accumule dans le sol depuis des milliers d'années et forme un matériau noir : la tourbe. Cette dernière peut se composer d'herbacés, de bois ou de mousse.
C'est ce qui a surpris il y a un peu moins de 20 ans, Jean-Philippe Tamarelle, lorsqu'il a acheté un bois près de Forge-les-Eaux. Il ne savait pas qu'il y avait 1,50 mètre de tourbes sous ses arbres. Très vite, on lui a fait savoir que son terrain était un endroit écologique très intéressant et qu'il était essentiel de valoriser cet écosystème.
Voir le reportage d'Arthur Deshayes et Olivier Flavien :
Au fil des années, il a entrepris de le déboiser, ce qui n'était pas simple au début, pour celui "qui a fait du béton toute sa vie et qui n'a pas de spécialité en biodiversité", confie-t-il avec le sourire.
Des oiseaux reviennent
"Nous voulions que la tourbière vive, que des petits oiseaux comme les limicoles viennent, que ce soit une aire de repos pour les odonates (insectes), les libellules, les amphibiens, et ça a marché, tout a été colonisé à une vitesse terrible", se réjouit Jean-Philippe Tamarelle.
Depuis les travaux en 2018, des comptages sont effectués tous les ans. On sait par exemple que la bécassine des marais est réapparue. Le propriétaire des lieux investit son temps et son argent.
Il est accompagné par la Fédération des chasseurs, engagé dans la préservation des milieux naturels. Car il est urgent d'agir : à l’échelle du bassin Seine Normandie, c’est plus de la moitié des zones humides qui ont disparu en 30 ans.
Un allié contre le réchauffement climatique
"La sphaigne est une plante typique. Elle croit en permanence, s’accumule, se décompose peu ou pas et permet de faire la tourbe. C’est une vraie éponge. En termes de fonction climatique c’est intéressant, les tourbières participent à la lutte contre les inondations par exemple", explique Pierre Levesque, gestionnaire des espaces naturels à la fédération de chasse 76.
Pour son projet, Jean Philippe Tamarelle a recruté deux jeunes vaches écossaises. Il les surnomme ses auxiliaires de gestion : "des Highland Cattle". "On a fait venir ces deux braves bêtes, sympathiques comme tout, il y a deux ans et demi. Elles restent là, et mangent principalement la molinie (une plante)", ajoute-t-il. Une graminée que les vaches raffolent et qui fait le bonheur de leur propriétaire.
Les plantes envahissantes sont ainsi éliminées, et permettent à des espèces de revenir, comme la jolie droséra, une jolie petite plante. Mais attention, elle est carnivore !