Cette intercommunalité embauche un maraîcher pour fournir ses cantines

La communauté de communes d'Argentan (Orne) emploie depuis cet été un maraîcher professionnel pour fournir des légumes à sa cantine centrale, qui prépare les repas de ses écoles, crèches et maisons de retraite. Elle espère parvenir à produire 80% des légumes ses cantines d'ici 2027.

À la communauté de communes des Terres d'Argentan (Orne), une petite révolution est en cours. Dans les serres municipales d'Argentan, 3 700 mètres carrés sont utilisés depuis cet été pour planter des légumes qui sont consommés directement dans les écoles, centres de loisirs et maisons de retraite des 49 villes de la communauté.

Agacée d'acheter des légumes pour ses cantines au prix fort, l'intercommunalité veut désormais les faire pousser sur son propre territoire. Pour cela, elle a recruté en juillet dernier un maraîcher professionnel. Baptiste Rosel, 19 ans, fraîchement sorti d'une école de maraîchage, est le nouveau salarié des Terre d'Argentan, chargé des tomates, courgettes et autres plantations.

Pour accomplir sa mission, il dispose de 3 500 mètres carrés en plein air et de 200 mètres carrés sous serres. "Petit à petit, on va agrandir la surface. On va augmenter sur deux hectares en trois ans", décrit le jeune homme. Car l'intercommunalité entend, d'ici à 2027, réussir à produire en autonomie 80% des légumes consommés dans les cantines de ses établissements publics, contre 5% aujourd'hui. Le potager intercommunal produirait alors 20 tonnes de récoltes par an.

Expérimentation

Ce projet expérimental, lancé pour les trois prochaines années, représente un investissement de 150 000 euros. Il est réalisé en étroite collaboration entre le maraîcher, Baptiste Rosel, parfois accompagné des agents des espaces verts, et la cuisine centrale des Terres d'Argentan. L'intercommunalité dispose depuis le début des années 2000 de ce service centralisé qui prépare jusqu'à 1 400 repas par jour, pour les écoliers et les résidents des maisons de retraite.

Depuis cet été et le début de la production locale, les habitudes ont changé, à la cuisine. "Je vois régulièrement Baptiste pour parler de ce qui a été planté, de ce qui va être planté, du mûrissement des produits pour pouvoir consommer les légumes quand ils sont prêts, explique Olivier Delalandes, le cuisinier de cet établissement central. Après, Baptiste fait ses cueillettes, il les amène à la cuisine et on traite au fur et à mesure".

Faire des économies

Selon Jocelyn Sourisseau, le directeur de l'aménagement des Terres d'Argentan, cette nouvelle méthode d'approvisionnement permettra de faire des économies, notamment en mettant la communauté à l’abri de l'inflation du prix des légumes, qui a été de 25% entre 2021 et 2023. "L'idée, c'est de maîtriser le prix du légume et sa consommation", et ainsi de transformer le coût de l'achat des légumes en un coût de production, explique-t-il. Et d'ajouter : "Il y aura aussi des gains écologiques évidents, avec moins de logistique, moins de transports et la maîtrise des pollutions potentielles".

Reste à la cuisine centrale de s'organiser pour gérer le flux de légumes locaux, qui devrait aller en augmentant. "On est en train de travailler avec les élus et les responsables concernés pour mettre des légumes sous vide et les mettre en surgélation, pour pouvoir différer la consommation et ne pas gaspiller", informe Olivier Delalandes. "Parce que produire des légumes, c'est bien, mais si on en laisse pourrir la moitié dans les champs, ce n’est pas la peine !", raille le cuisinier.

Cette expérimentation, déjà menée dans d'autres communes en France, est la première du genre en Normandie.