Trouver des pistes pour revaloriser le métier d'animateur, telle est la mission du comité de filière animation présidé par le maire de Caudebec-lès-Elbeuf (76). Face à une pénurie de professionnels, il devient urgent de proposer une meilleure rémunération et d'améliorer la formation de ce métier précaire.
Avec des rythmes de travail morcelés et des contrats parfois précaires, le métier d'animateur n'attire pas suffisamment. En France, chaque année, 15 000 professionnels manquent à l'appel. Face à cette pénurie, la commune de Caudebec-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime, a décidé de transformer la quasi-totalité des vacations en CDD.
Redouane Saadi est animateur depuis quatre ans au centre de loisirs Corto Maltese de Caudebec-lès-Elbeuf. En ce jeudi après-midi de novembre, il enseigne l'art plastique à huit enfants. "Il faut être multi-tâches, attentif, à l'écoute des enfants et avoir de l'imagination. On est toujours sollicités", explique-t-il.
Avec un salaire inférieur au Smic, de 900 euros par mois, ce Normand était jusque-là précaire. Il vient de signer un contrat à temps partiel d'un an avec la mairie et gagne donc en stabilité financière. "C'était très difficile, je ne savais pas comment j'allais manger à la fin du mois. Maintenant ça va mieux. Je sais combien [d'argent] va tomber sur mon compte", confie Redouane.
Un comité de filière animation présidé par le maire de Caudebec-lès-Elbeuf
Comme lui, une trentaine d'animateurs ont signé un CDD avec la commune. Une collectivité considérée comme avant-gardiste en France. Sarah El Haïry, la secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse, a donc nommé le maire de Caudebec-lès-Elbeuf président du comité de filière dédié à l’animation. Ce nouveau comité réunit les différents acteurs de l'animation professionnelle (collectivités locales, grandes associations d'éducation populaire, syndicats représentatifs).
L'élu bûche sur plusieurs axes de travail : "moins de précarité, une meilleure rémunération, du temps complet le plus possible, la formation et des passerelles", résume Laurent Bonnaterre, maire (Horizons) de Caudebec-lès-Elbeuf. "Beaucoup de gens ne font pas animateur toute leur vie, ils sont animateurs dans des métiers très différents. Vous pouvez être animateur en club de sport, en colonie de vacances, en collectivité territoriale. Donc il faut faire des passerelles", détaille-t-il.
Deux fois moins d'animateurs formés en Seine-Maritime
Des changements dans la profession sont très attendus par Les Francas, un centre de formation situé à Caudebec-lès-Elbeuf. En deux ans, deux fois moins d'animateurs ont été formés dans le département. "Certains séjours et certains mini-camps n'ont pas eu lieu faute de personnes pour les encadrer. Et moins d'enfants sont accueillis sur les structures afin de respecter les taux d'encadrement légaux", explique Charlène Poisson, coordinatrice-formatrice aux Francas.
Elle souligne l'importance de ce métier, "nécessaire à l'accompagnement éducatif des enfants" en complément du travail fourni par les instituteurs et les parents. "Les animateurs travaillent sur le vivre ensemble, le développement de la confiance en soi, de l'expression et [les aident à] découvrir de nouvelles choses de manière ludique", souligne Charlène Poisson. Selon elle, il faut aussi revoir le métier pour "répondre aux besoins des enfants qui ont évolué à cause de la crise du covid".