Face à un déficit prévisionnel inédit de 13 millions d'euros en 2025, l'Université de Rouen alerte sur une situation budgétaire qu'elle juge intenable. Hausse des dépenses imposées par l’État, augmentation des charges salariales et des coûts énergétiques : les causes de cette crise financière sont multiples.
La fac de Rouen voit rouge pour son budget 2025. En cause, les charges que l’Université doit payer pour les salaires de ses employés, et que le gouvernement augmente régulièrement ces dernières années.
Un budget fragilisé par des décisions nationales
Depuis 2022, les universités françaises doivent composer avec des hausses de charges non compensées par l’État. L’Université de Rouen n’échappe pas à la règle.
Selon son président, Laurent Yon, ces augmentations concernent notamment les salaires des fonctionnaires. "L'augmentation du point d'indice dans le cadre des mesures Guérini représente à elle seule 7 millions d'euros. À cela s'ajoutent les hausses des factures énergétiques, qui ont augmenté de 3 millions d'euros en 2023, alors que nous avons baissé notre consommation", explique-t-il.
3 millions d'euros supplémentaires chaque année
En 2025, une nouvelle dépense vient alourdir la situation : l’État a décidé d’augmenter les cotisations pour financer les retraites des fonctionnaires de l’enseignement supérieur. Conséquence : 3 millions d’euros supplémentaires à trouver chaque année pour l’Université de Rouen.
Avec un déficit prévisionnel estimé à 13 millions d’euros en 2025, les répercussions pourraient être significatives. Fermeture d’antennes universitaires, réduction des places sur Parcoursup, ou encore recours accru aux cours à distance sont des scénarios envisagés. Une situation qui inquiète particulièrement les étudiants.
"On craint qu'il y ait de moins en moins de places en master et à la fac. Cela pourrait laisser de nombreux étudiants sans perspective d’avenir", alerte Lollyxane Zengin, représentante des étudiants à l’UNEF RS.
Nous ne pouvons pas dégrader les conditions de formation et de recherches.
Laurent Yon, président de l'Université de Rouen
De son côté, Laurent Yon se veut ferme : "Je ne baisserai pas mon budget, je ne limiterai pas le recrutement des enseignants chercheurs.", poursuit le président de l'Université de Rouen.
Une lettre aux sénateurs
Pour éviter ces mesures drastiques, l’Université de Rouen appelle à une augmentation des dotations publiques. Laurent Yon a récemment écrit aux sénateurs et sénatrices de Seine-Maritime et de l’Eure pour les alerter.
"Si rien n’est fait, en 2025-2026, toutes les universités seront dans le rouge et nous n’aurons plus les capacités d’investir", prévient-il.
Alors que le budget 2025 est actuellement débattu au Sénat, la question du financement des universités pourrait être au cœur des discussions dans les jours à venir.