Les vitraux du transept Sud de l’Abbatiale Saint-Ouen à Rouen sont en cours de dépose afin d’être rénovés en atelier. Un travail méticuleux qui doit durer dix-huit mois.
Munie d’un marteau et d’un couteau, Claire Dumercy, répète ses gestes minutieux, à une vingtaine de mètres de hauteur. « On a toujours un peu d’appréhension. Est-ce que le vitrail va tenir ? Est-ce qu’il va rester en un seul morceau ou se disloquer une fois qu’on va retirer les scellements ? », se soucie la vitrailliste de l’Atelier Vitrail France.
C’est le grand jour pour la rose du transept Sud de l’Abbatiale Saint-Ouen. Un travail minutieux réalisé intégralement à la main. « On décolle tout ce qui est solin de mortier ou de ciment, et après on va le retirer pour pouvoir le restaurer en atelier », développe l’artisan.
Le verre est d’origine mais pas le plomb, car il y a déjà eu plusieurs restaurations, « du coup on doit s’adapter à la dernière restauration qui a été faite pour rester dans le même protocole », explique Claire Dumercy.
Ce grand vitrail représente l’arbre de Jessé, inspiré de la prophétie d’Isaïe, prophète biblique, qui annonce la venue du Christ par la Vierge Marie. Cette représentation de l’arbre généalogique de Jésus est gravée dans la roche depuis le XVème siècle.
Humilité et fierté, conjugués au même temps
La première étape a été de numéroter la rose, qui représente un puzzle gigantesque avec plus de sept-cent pièces aux armatures vieillissantes. « Il ne faut pas laisser de trace de notre passage. L’intérêt d’une bonne restauration c’est qu’elle ne se voit pas », explique Sébastien Beltoise, conducteur de travaux pour la maçonnerie et pierre de taille sur le chantier de l’abbatiale saint Ouen. « Le but c’est de pouvoir remettre l’élément en place et de ne pas y retoucher », ajoute le tailleur de pierre de formation.
« On est contents de prolonger cette Histoire. C’est quand même grâce aux métiers du bâtiment qu’on arrive à garder un patrimoine qui reste qui reste encore public, qui ne part pas dans d’autres pays. Il y a quand même une certaine fierté à notre petite échelle », s’émeut Claire Dumercy, vitrailliste de l’Atelier Vitrail France.
Un an et demi de travail pour les vitraux
Cet embellissement doit être réalisé en un temps record. Dix-huit mois de travaux contre cinq ans en général. « Nous nous sommes associés à deux ateliers pour pouvoir assurer des prestations de même qualité qu’avec un temps plus long », Flavie Serriere Vincent-Petit, restauratrice et présidente de la Manufacture Vincent Petit de Troyes.
Le vitrail est un objet paradoxal car c’est une œuvre d’art fragile mais qui doit aussi permettre d’assurer l’étanchéité du bâtiment. Ici, les vitraux de la rose du transept Sud sont fragilisés par des vents dominants de Sud-Ouest. « Il y a la pression des vents, les tempêtes, l’eau de condensation qui stagne sur sa face interne », explique la restauratrice.
Aujourd’hui, l’œuvre d’art est restaurée mais n’assurera plus l’étanchéité du bâtiment. « On crée une verrière de protection qui assurera cette étanchéité et on reposera le vitrail ancien par l’intérieur de l’édifice, quasi de façon muséale », développe Flavie Serriere Vincent-Petit.
Un chantier à plus 500 000 euros
Le chantier est financé par des particuliers et des entreprises locales. « Les habitants et les habitantes se sont mobilisés, nous avons récolté aujourd’hui 110 000 euros sur l’ensemble de la somme prévue », informe Christine De Cintré, Conseillère municipale et Présidente de Rouen Normandie tourisme et congrès. Des entreprises et artistes du territoire ont également participé, financièrement ou en proposant des œuvres vendues aux enchères.
La restauration du vitrail est évaluée à plus de 500 000 euros, et c’est la première étape de la rénovation de l’édifice, qui doit durer jusqu’en 2024. Dans huit-mois, les Rouennais et Rouennaises pourront à nouveau admirer tout le transept Sud et le portail des Marmousets restauré.