Alors que la COP 27 s'ouvre dimanche en Egypte, des militants climatiques ont mené une action non violente au musée des Beaux-Arts de Rouen samedi 5 novembre. Un acte symbolique pour réveiller les consciences et soutenir les scientifiques arrêtés en Allemagne la semaine dernière pour s'être collés à une BMW.
Des activistes climatiques au sol, inertes. L'image est forte. Elle a lieu le samedi 5 novembre au matin au musée des Beaux-Arts de Rouen. Cette action non violente était organisée par ANV-COP21 Rouen et soutenue par le groupe Extinction Rebellion Rouen. Le but ? Sensibiliser les visiteurs au dérèglement climatique en marche. Mais aussi rendre hommage aux scientifiques arrêtés la semaine dernière en Allemagne pour leur action de désobéissance civile dans un showroom du constructeur BMW.
Pendant 15 minutes, des textes écrits par ces scientifiques ont donc été lus. "En toute probabilité, nous allons franchir la limite de sécurité de 1,5°C pendant cette décennie. Nous sommes au bord d'un effondrement écologique avec des conséquences catastrophiques", énonce un des militants tandis que ses camarades sont étendus au sol, au milieu de banderoles à message.
Le 29 octobre dernier, Marceau Minot, docteur en écologie de l'Université de Rouen, a participé à l'action menée à Munich. Il s'est collé la main sur une voiture BMW pour dénoncer le greenwashing de la firme allemande. Joint par France 3 Normandie, il explique : "On savait qu'il y avait un risque d'être incarcéré pour nous empêcher de mener ce genre d'action. Tous les scientifiques qui participaient à cette action étaient d'accord pour dire qu'on a moins peur d'aller en prison que des changements climatiques qui nous guettent et leur impact sur les sociétés."
"On espère que les gens vont nous rejoindre dans la résistance climatique"
Plus largement, l'action au musée des Beaux-Arts visait à soutenir tous les activistes non violents mobilisés à travers le monde pour dénoncer l'inaction climatique. A l'image des militants de Stop Oil qui ont mené des actions dans des musées ces dernières semaines. Le choix du lieu n'est donc pas anodin. "C'est assez symbolique parce qu'on considère que l'Etat met peut-être plus d'énergie et d'action dans le fait de conserver le passé que dans celui de protéger notre futur", observe Enora Chopard, activiste climatique.
La jeune militante souhaite également marquer les esprits des visiteurs. "Le but de ces actions est aussi de créer une rupture dans l'ordre établi, de déranger pour interpeller sur ce qui est en train de se passer. [...] On espère que les gens vont nous rejoindre dans la résistance climatique", espère-t-elle.
Enora croit aux résultats des actions de désobéissance civile. "Depuis la COP21, les actions de ce type se multiplient en France. L'opinion publique a largement évolué sur la question climatique. Il y a eu les marches pour le climat mais les actions de désobéissance civile non violentes y sont aussi pour beaucoup", souligne-t-elle. "Elles nous permettent de passer un cran supérieur dans la résistance climatique en disant qu'on met notre corps là où se trouvent nos idées parce que la prise de conscience doit être plus forte notamment sur les dirigeants politiques."
"Ce genre d'actions alerte les consciences"
La direction de l'établissement ne s'est pas opposée à cette action. Elle a simplement demandé aux visiteurs de sortir des différentes salles. Diederik Bakhuys est conservateur chargé des collections anciennes au musée des Beaux-Arts de Rouen. "Je suis très soulagé que ça se fasse avec la conscience qu'on est dans un lieu qui doit être respecté avec des œuvres d'art qui sont des trésors qui appartiennent à tous et qu'on n'a pas le droit moralement de dégrader", estime-t-il.
Du côté des visiteurs du musée, l'accueil est assez chaleureux. "Je trouve ça très bien ce genre d'actions parce que ça alerte les consciences. Je suis même content de finalement, à mon insu, faire partie de cette action de militantisme contre le réchauffement climatique", appuie Francis, un visiteur.