C'est un joyau du patrimoine maritime français. C'est aussi l'un des plus anciens trois-mâts d'Europe encore en état de navigation. Après avoir connu bien des vies, il est depuis 1987 navire-école et était déjà présent en 1989 à Rouen lors de la 1ʳᵉ édition de l'Armada.
Sa coque noire barrée d’une bande noire et blanche, censée imiter les sabords de canons (une coquetterie qu’il partage avec le quatre-mâts russe Kruzenshtern), son allure altière, la magnificence de ses voiles... Le Belem, c'est tout un spectacle. Qui s'anime ! Car ses 48 stagiaires sont appelés à manier ses 22 voiles et à se repérer dans les 4 km de cordage qui permettent de les mettre en mouvement, moyennant le renfort de 250 poulies. Quand ils ne grimpent pas dans les mâts, dont le plus haut culmine à 34 m au-dessus de l’eau, ils polissent les cuivres qui confèrent au Belem toute son élégance, à cheval entre yacht de luxe et grand voilier de commerce.
3 mâts pour 3 vies
Ce beau trois-mâts en acier, de 58 m de long sur 4,50 m de large, a été construit à Nantes en 1896, il a commencé sa carrière en transportant des fèves de cacao entre la France, l’Amérique du Sud et les Antilles. Il va ensuite changer 3 fois de nationalité. De navire marchand français, il se transforme en yacht de luxe en 1914 au moment de l’acquisition du voilier par le duc de Westminster. Six ans plus tard, il navigue avec son nouveau propriétaire, Lord Guinness, sous le nom de Fantôme II. Puis, un puissant industriel italien le rachète en 1951, en mémoire de son fils décédé quelques années plus tôt, et en fait un navire-école pendant plus de 15 ans, en Méditerranée, il forme de jeunes orphelins italiens aux métiers de la mer. Le Belem, en vente, finit abandonné dans le port de Venise. En 1979, un passionné français le découvre en piteux état et s’efforce d’attirer l’attention sur le voilier. Mission réussie : la même année, la Caisse d'Épargne décide de le racheter.
L'école de la mer
En 1979, la Caisse d’Epargne ramène l’élégant trois-mâts en France et crée la fondation Belem. Afin de sensibiliser l'opinion et de récolter des fonds pour sa réhabilitation, le navire est amarré à Paris, près de la tour Eiffel et est en grande partie restauré à cet endroit, où il reçoit des milliers de visiteurs. Peu de temps après, en 1984, le Belem est classé monument historique. Moins de 2 ans après l'autre grand voilier français, le Duchesse Anne qui, lui, ne navigue plus. Le nouveau Belem retraverse l’Atlantique en 1986. En 1987, le bateau est transformé en navire-école. Et depuis, il forme une quarantaine de matelots chaque saison. Assistés par 16 marins professionnels, les jeunes mousses apprennent les rudiments de la vie en mer et l’ensemble des manœuvres du navire. À son bord, ils peuvent compter sur 5 officiers de la marine marchande, 1 bosco, 8 gabiers et 2 cuisiniers. Le navire-école civil a embarqué environ 35 000 personnes. Reconverti dans le cabotage et propose aussi des stages d'initiation et de découverte aux passionnés qui réalisent un rêve en naviguant sur ce voilier mythique.
Il y a 4 ans, nous étions en haut du mât !
Visiter des bateaux à quai, c'est bien, mais vu d'en haut, ils sont encore plus beaux ! Il y a 4 ans, lors de la dernière édition de l'Armada, nous vous proposions de vivre une expérience sensationnelle, grimper au sommet du mât de misaine du Belem accompagné par deux marins très sympathique de son équipage : Yannick et Cédric.
Première étape avant l'ascension : s'équiper d'un baudrier doté d'un système auto bloquant en cas de chute. Le mât de misaine du Belem mesure tout de même 32 mètres !
Une fois perché avec nos deux marins sur la dernière vergue appelée cacatois, c'est l'occasion d'échanger avec eux tout en profitant de la vue imprenable sur l'Armada de Rouen. Cédric et Yannick nous avaient expliqué par exemple pourquoi un marin peut être amené à monter en haut d'un mât, ce qui les fait vibrer lors de leur aventure au large à bord d'un voilier toutes voiles bordées ou encore les moments qu'ils trouvent les plus ingrats dans une vie de marin.
Réalisation : J. Pasqué et O. Lemoine Chalin Drone : H. Colosio Montage : J. Bondil