La Métropole de Rouen a décidé de ne pas interdire la circulation des véhicules Critair'3 en 2025, en raison d'une amélioration de la qualité de l'air. Pendant que certains se félicitent d'une baisse de la pollution, les militants écologistes s'inquiètent de cette dérobade.
Pendant que les automobilistes se félicitent de ne pas avoir à changer de voitures, les écologistes se désespèrent de ce retour en arrière. Tony Renucci, le président de l'association Respire a fustigé ce matin sur Franceinfo ce qu'il estime être une décision "malhonnête et purement politique".
L'État a autorisé l'accès des véhicules Critair'3 dans les villes où le taux de pollution ne dépasse pas les seuils autorisés. La décision est ensuite laissée à l'appréciation de chaque collectivité.
Trois villes ont pris cette décision d'assouplir les restrictions de circulation dans leur ZFE : Rouen, Strasbourg et Marseille.
Un recul en termes de santé publique
Ces trois métropoles étaient censées interdire l'accès des voitures diesel de plus de 14 ans, ainsi que les véhicules essence de plus de 19 ans. Ce qui correspond à la vignette Critair'3, soit 21% des voitures en circulation en 2023.
La qualité de l'air s'est améliorée dans ces trois métropoles, atteignant des niveaux réglementaires de pollution."Oui, la qualité de l'air s'améliore, mais elle reste mauvaise et les seuils mesurés sont encore trop peu au-dessus des recommandations de l'OMS", poursuit le président de l'association Respire.
Guillaume Grima, responsable de l'association rouennaise "Effet de serre toi-même", considère aussi que cette décision de l'État, laissée à la discrétion des collectivités, est "un recul en termes de protection de la santé de nos concitoyens, par l'augmentation de la pollution atmosphérique. C'est aussi un compromis social car les véhicules Critair'3 sont souvent assez âgés et relativement polluants. C'est une façon de ne pas exclure les plus fragiles d'entre nous des centres urbains".
Le militant rappelle aussi que la France a été condamnée à plusieurs reprises pour son inaction écologique, d'où la nécessité de mettre en place des ZFE.
"Une bombe sociale absolue"
Ne pas exclure un automobiliste sur trois des centres-villes, voilà ce qui a motivé Nicolas Mayer-Rossignol. Le maire de Rouen et président de la Métropole, s'enorgueillit d'avoir réduit les taux de pollution drastiquement.
"On a mis en place une politique très volontariste avec la ZFE, avec l'augmentation des transports en commun, avec le vélo, le covoiturage. En trois, quatre ans, on a divisé la concentration en dioxyde d'azote par deux, et ça n'avait jamais été fait sur le territoire".
On a engagé cette politique très forte qui aboutit à des résultats. Je suis fier qu'enfin on arrive à améliorer la qualité de l'air. Ce qui nous permet d'éviter l'écologie punitive, et d'obliger tout le monde à abandonner les critair'3, ce qui aurait été une bombe sociale absolue
Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole et maire de Rouen
Aujourd'hui, on estime à 40 000 le nombre de décès directement liés à la pollution atmosphérique, dont la voiture en milieu urbain est une des causes.