L'État, la vérité, Simone Weil... Plus de 540 000 élèves de terminale ont planché ce mardi 18 juin 2024 sur les sujets de philosophie. Une épreuve redoutée qui marque le début des épreuves écrites du baccalauréat. Rendez-vous le 8 juillet prochain pour les résultats.
Et vous, vous vous souvenez de votre épreuve de philosophie ? Dans notre rédaction, Amandine a passé son bac en 2010. "Mon sujet, c'était 'La vérité scientifique a-t-elle toujours raison ?' J'ai eu 9/20, parce que je n'avais pas compris le principe des cours de philo... J'ai donné mon avis, sans citer de philosophe !"
Pr @leJDD je me lances ds la rédaction dun sujet du bac de philo🧠 publications prévu vers midis⏳ pic.twitter.com/5QaDycuTyK
— Johnny Baudelaire (@JohnnyBaudelai2) June 18, 2024
En 2014, Mélisande avait planché sur 'Faut-il tout faire pour être heureux ?' Et si le résultat l'a été, heureux, elle se souvient des heures passées à stresser avant d'entrer dans la salle d'examen. "J'étais en L, philo coefficient 7. Alors je n'avais pas vraiment intérêt à me louper."
En premier lieu : délimiter le concept
Ce matin, 543 000 élèves de terminale ont travaillé pendant quatre heures sur leur dissertation (ou leur commentaire de texte) philosophique. Avec des thématiques encore bien ancrées dans l'actualité : "La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?", "L'État nous doit-il quelque chose ?" et pour l'explication de texte, La condition ouvrière de Simone Weil.
La vérité s’oppose à l’erreur et en même temps aux mensonges, ce n’est pas le même type d’opposition
Doris Bretz, professeur de philosophieà France 3 Normandie
Qui n'a pas angoissé à l'énoncé des sujets en se demandant quoi dire, par où commencer ou comment réussir à glisser une des citations apprises la veille au terme d'une dernière session de révisions ? Nous avons demandé des pistes de réflexion sur ces trois sujets à Doris Bretz, professeur de philosophie au lycée Val-de-Seine de Grand-Quevilly (Seine-Maritime).
Pour aborder le thème de la vérité, le bon angle d'approche, c'est de délimiter ce concept, selon elle.
Le plus classique : le deuxième sujet
"La vérité, explique l'enseignante, "c'est un concept qui est très vaste qui peut faire peur. On peut aussi penser à ce qui est contraire à la vérité. Ce qui est assez surprenant dans ce sujet, c’est l’expression 'besoin de la vérité'. J'espère que les élèves vont être sensibles à ça puisque le besoin normalement c’est ce qui relève d’une nécessité physique alors que la vérité entre dans le domaine de l’intelligible, l’intellect, de l’esprit. Comment donc relier une expression qui désigne à la base quelque chose de physique à une notion aussi abstraite que la vérité ?"
En tant que citoyens, nous avons aussi une responsabilité pour faire fonctionner le commun et assurer notre vivre-ensemble.
Doris Bretz
Le deuxième sujet est le plus classique pour Doris Bretz : "d’un côté on pourrait dire que, puisque l’autorité politique doit être quelque chose qui est justifiée puisqu’on parle de l’égalité entre tous les Hommes, l’État pour se légitimer doit donc servir le citoyen, doit lui être utile. Mais, en même temps, les citoyens ne sont pas exemptés de tout devoir."
Singulière Simone Weil
C'est l'explication de texte que Doris Bretz trouve la plus singulière. "Le texte est très original parce qu'il relie deux notions que l’on n’a pas l’habitude de relier : le travail et le temps."
"C’est un texte qui constitue à mes yeux une sorte de critique des formes aliénées du travail : l’ouvrier qui accomplit un travail uniforme qui va justement transformer sa façon de concevoir le temps. C'est un texte original qui mérite d’être lu en détail."
L'épreuve de philo compte pour un coefficient 8 dans la note finale de la filière générale (coefficient 4 en section technologique). Par comparaison, les épreuves de spécialités comptent pour 16.