La CVEC, la contribution à la vie étudiante, a augmenté cette année encore. Cette taxe créée en 2018 et dont les étudiants doivent s'acquitter chaque année en été, est critiquée par les représentants des syndicats étudiants. Elle est censée contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie, selon l'Université de Rouen.
Avec 300 euros de reste à vivre par mois, Hervé Jourdain, qui vient de décrocher sa licence d'histoire à Rouen, se considère comme privilégié par rapport aux autres étudiants. Pourtant, avoir à payer d'ici fin septembre la CVEC, la contribution à la vie estudiantine, est pour lui tout sauf anodin.
Ce n'est pas tant l'argent que je donne qui me pose problème, mais plutôt que je ne le vois pas revenir dans les investissements qui sont faits avec cette taxe. Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas plus d'argent public investi dans les universités.
Hervé Jourdain, étudiant en histoireà France 3 Normandie
"Ça finance tout et n'importe quoi"
Entre juin à septembre, chaque année, tous les étudiants à l'exception des boursiers doivent s'acquitter de la CVEC, la Contribution de vie étudiante et de campus. D'un montant de 90 euros en 2018, elle est passée à 100 euros cette année. Une augmentation que fustige l'UNI, un syndicat étudiant classé à droite, dans un communiqué.
D'abord, elle tombe au mauvais moment, pile quand les étudiants lâchent leur appartement et n'ont plus d'APL. Mais surtout, ça frappe les étudiants les plus précaires, ceux qui ne sont pas boursiers et qui ont peu d'argent pour boucler leur fin de mois.
Esteban Nahi, président de l'UNI Rouen
L'utilisation de cet argent pose aussi problème au syndicat, qui qualifie sa gestion d'opaque. "Ça finance tout et n'importe quoi", dénonce Esteban Nahi, "des micro-ondes, des pots de fleurs et même un atelier de broderie de vulves et de pénis sur Rouen".
Le représentant syndical réclame une baisse de la CVEC à 92 euros, son montant à la rentrée 2021, et une revalorisation du budget alloué aux universités.
Améliorer la vie des étudiants
Si la plupart des autres syndicats dénoncent son augmentation et demandent, comme l'Union étudiante de Rouen, de revenir à un montant de 90 euros, le représentant de la FEDER exprime son attachement à cette contribution, "primordiale pour la vie étudiante". "En 2018, cette contribution a été mise en place alors que l'état supprimait la sécurité sociale étudiante, en moyenne 217 euros par an", rappelle Christian Zgheib.
La CVEC aspire à financer des projets qui visent à améliorer les conditions de vie des étudiants sur le campus. Par exemple : "un local à vélo", cite le représentant syndical de la FEDER, "une salle e-sport mais aussi des projets pour sensibiliser à la lutte contre l'homophobie".
Et de souligner qu'"en Normandie, les projets sont votés dans des commissions où siègent 50 % d'élus étudiants".
78 projets étudiés en commission
David Leroy, vice-président Pilotage et Qualité de vie pour l'Université de Rouen, vient de présider ce vendredi 7 juin la dernière réunion de l'année.
Tous les euros sont distribués aux étudiants et à la vie sur le campus.
David Leroy, Université de Rouen
"78 projets ont été étudiés lors de cette dernière commission, annonce-t-il. Chaque projet est expertisé et vise à améliorer le quotidien des étudiants. Cette année, parmi les projets réalisés, on a effectué des travaux pour l'amélioration de l'ensemble du gymnase à Mont-Saint-Aignan, acheté des chaussures de sport pour les étudiants qui ne le pouvaient pas ou lancer des journées de prévention contre les violences sexistes et sexuelles." Il rejette toutes les critiques portant sur la nature des projets choisis.
Selon l'Union étudiante de Rouen, 65% des étudiants normands doivent s'acquitter de la CVEC.