Décorer un t-shirt ou un tote-bag d'une vulve ou d'un pénis brodé pour défendre la diversité des corps... Un atelier créatif proposé par l'université de Rouen a vivement fait réagir un syndicat étudiant. On vous explique la polémique.
Défendre la pluralité des corps et l'acceptation de soi : tel est l'objectif affiché d'un atelier créatif organisé les 21 et 22 novembre prochains à la Maison de l'université, à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). Celui-ci s'inscrit dans le cadre d'une semaine de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Financé par la controversée CVEC (Contribution à la vie étudiante et de campus, une taxe d'un montant de 100 euros due par la quasi-totalité des étudiants), l'atelier propose de "briser les tabous" autour du corps en réalisant des broderies et des badges en forme de pénis, de vulves ou de tétons.
De l'argent jeté par les fenêtres ?
C'est ce point qui a fait vivement réagir UNI Rouen sur X (ex-Twitter). "Les étudiants paient donc une taxe de 100 euros pour financer ces délires woke ?", s'est emporté le syndicat étudiant, étiqueté à droite, mais qui estime que la problématique du financement de cet atelier dépasse les clivages.
Avec la CVEC, l’Université de Rouen va organiser des ateliers « féministes » dans le but de « créer des badges tétons, des vulves ou des pénis».
— UNI Rouen (@unirouen) November 13, 2023
Les étudiants paient donc une taxe de 100€ pour financer ces délires woke ?
Annulons ces ateliers et supprimons la taxe CVEC ! pic.twitter.com/sB64MWtErD
"Tous les projets financés par la CVEC doivent être clairement lisibles. Or, la Maison de l'université ne l'a pas précisé", nous explique Esteban Nahi, président de l'UNI Rouen. "Aucun intervenant n'est mentionné, pas plus que le coût du projet. Pourquoi ce silence de l'université ? Les étudiants sont censés savoir ce genre de choses."
L'atelier est absurde, il ne répond pas à la thématique de la semaine contre les violences sexistes et sexuelles. C'est un atelier de niche militante, qui finalement s'accapare l'argent des étudiants.
Esteban Nahià France 3 Normandie
L'étudiant en sciences politiques dénonce en outre une utilisation "opaque" de cette taxe auquel il s'oppose fermement. "On n'est pas opposé à la semaine contre les violences sexistes et sexuelles, puisqu'il y a des conférences et qu'elles permettent d'acquérir des connaissances", note-t-il.
"L'université doit être un sanctuaire de connaissances. Mais on est contre un atelier de niche, qui ne concerne pas l'étudiant moyen. Ce qui le concerne, par exemple, c'est la précarité, ou sa bibliothèque universitaire, qui ferme à 19h15 à Mont-Saint-Aignan et qui ne lui permet pas de réviser dans de bonnes conditions !"
Cela fait des années qu'UNI Rouen est opposé à la CVEC. Cette taxe étudiante est totalement injuste. En 2018, elle s'élevait à 90 euros. Aujourd'hui, c'est 100 euros. Les pouvoirs publics justifient cette hausse par l'inflation. Mais la précarité ne fait qu'augmenter dans le milieu étudiant.
Esteban Nahi
Esteban Nahi compte bien "mobiliser un maximum de syndicats sur cette affaire", à commencer par l'UNEF, qui n'a pour le moment pas donné suite. "Ce que l'on déplore, c'est que trop de choses n'ont pas lieu d'être financées par la CVEC. Cela va au-delà du clivage politique."
L'université de Rouen Normandie, que nous avons contactée pour en savoir davantage sur l'organisation de cet atelier créatif, n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.