Source importante de revenus pour les collectivités locales, la taxe d'habitation pourrait disparaître pour 80 % des foyers dès 2021. Le gouvernement d'Emmanuel Macron souhaite compenser cette suppression, mais la mesure inquiète la municipalité de Canteleu (Seine-Maritime).
Présente dans le programme d'Emmanuel Macron, la mesure pourrait être en partie appliquée dès 2018 en s'intégrant aux discussions sur le budget de l'État, qui débutent en septembre. Plusieurs maires s'étaient inquiétés, pendant la campagne présidentielle, de la perte d'autonomie politique et de marge de manoeuvre financière pour les communes si la taxe d'habitation venait à être supprimée - même si le gouvernement d'Edouard Philippe inclut une compensation, encore non définie, du montant perçu habituellement par les communes.
Les conséquences ne devraient pas être les mêmes pour tous : deux tiers des ménages profitent actuellement d'un allégement ou d'une exonération totale de cet impôt. Les revenus de chaque populations feront donc varier l'impact de la mesure sur le budget communal.
Pour cette habitante de Canteleu (Seine-Maritime) qui doit débourser 1 200 € de taxe d'habitation, "c'est une bonne nouvelle pour nous. Pas forcément pour la commune, mais pour nous qui payons la taxe foncière et la taxe d'habitation, c'est une bonne chose".
VIDEO. Reportage à Canteleu de Raphaël Deh, Jean-Marc Pitte et Alban Vian. Avec comme interlocuteurs :
- Mélanie Boulanger, maire (PS) de Canteleu
Un avis partagé par la maire (PS) de la commune, Mélanie Boulanger : "C'est heureux pour les gens qui sont exonérés, si ils peuvent investir leur argent dans autre chose, pour leur enfant, leur famille, pour leur loisir c'est une bonne chose." Mais il en faudrait pas que ça pèse sur les collectivités qui bénéficient de la taxe d'habitation, parce que nous menons des actions pour les familles et les habitants. Tout ce dont on sera privé, c'est autant de services qu'ils auront en moins."
À titre de comparaison budgétaire, l'élue indique que les 2,6 millons d'euros touchées par la commune par la taxe d'habitation correspondent "exactement au salaire des agents qui interviennent dans les écoles, les ADSEM, les personnels d'entretiens, les personnels de la cantine... Ces 2,6 millions c'est typiquement le fonctionnement de nos écoles."
Présentée lors de la conférence nationale des territoires, débutée lundi à Paris devant les élus locaux, la suppression de la taxe d'habitation fait encore l'objet de négociations avec les élus, et doit être précisée par le gouvernement.