Si les sportifs professionnels peuvent continuer à s'entraîner, la crise sanitaire et le retour du confinement complique la vie des clubs amateurs. Depuis mars dernier, certains ont perdu de nombreux licenciés et donc une partie leurs recettes financières
« C’est la première fois que je vois la salle vide, à cette heure-ci de la journée » regrette Jean-Manuel Gouy, directeur administratif de l’Elan Gymnique Rouennais. « En temps normal, les activités sont variées ici : baby-gym, loisir, sport adapté, gym de haut niveau. C’est triste»
Avec le retour au confinement depuis le vendredi 30 octobre, Jean-Manuel Gouy accuse le coup. En temps normal, son club compte 1 000 adhérents. Cette saison, leur nombre s’est réduit à 600. Le virus est passé par là.
Par rapport à une année traditionnelle, nous sommes à - 450 adhérents environ. La cotisation moyenne s’élève à 225 euros. Depuis le mois d’août, le club est donc à - 100 000 euros de rentrées financières. Si le confinement est prolongé, ce n’est pas grave, c’est TRES grave pour nous et pour le sport en général.
Tout comme au printemps dernier, l’EGR a été contraint de placer ses 15 salariés en chômage partiel. Dans cette tourmente, le directeur administratif a pu compter sur des soutiens venus compenser en partie les pertes financières.
Les collectivités comme la Métropole Rouen Normandie ont joué le jeu en maintenant leurs subventions à hauteur d’une année normale. La Fédération française de gymnastique a elle aussi débloqué des fonds pour l’ensemble des clubs sur le territoire national.
Conserver les bénévoles
Plus globalement, le Comité Départemental Olympique et Sportif '76) estime entre 15 et 20% la perte du nombre d’adhérents au sein des clubs de Seine-Maritime. Or, dans certains clubs, les cotisations représentent jusqu’à 25% des ressources. Au-delà, se pose également la question de l’encadrement assuré dans de nombreuses structures par des bénévoles.
C’est un point qui nous inquiète. Nous avons des difficultés à conserver et à recruter les bénévoles qui prennent des responsabilités. Or, le sport, ce n’est pas seulement les compétitions. Le rôle social est majeur. Pour beaucoup de jeunes, c’est l’occasion de se rencontrer régulièrement.
Un point qui a fait monter au créneau Nicolas Marais, le président du Comité Régional Olympique et Sportif de Normandie au lendemain du reconfinement.
Nos clubs ne sont pas des "garderies" mais bien un espace où l'on pratique une discipline sportive pour entre autres développer de nombreuses compétences. Et n'oublions pas que l'activité sportive est indispensable pour le bien-être des enfants et pas que...
Pour l’heure, d’après Alain Goupy, aucune structure n’a mis la clé sous la porte en Seine-Maritime. Mais si la situation perdure ainsi, l’avenir pourrait vite s’avérer compliqué.
Trouver des fonds
Sans compter qu’avec le coronavirus, nombre d’événements festifs ont dû être annulés. C’est autant d’argent en moins dans le budget des équipes.Au FC de Vieux-Manoir (76), Olivier Cangina en a fait les frais. Exit la foire à tout, la soirée cochon de lait et le tournoi annuel. Résultat, début octobre, le club était en difficulté financière.
Depuis, un élan de solidarité est né. Deux entreprises locales ont offert des jeux de maillots neufs pour l’équipe des U10/U11 et celle des vétérans pour un montant total de 1 200 euros. Le boulanger de la commune a également renouvelé les tenues de l’équipe séniors pour une valeur de 750 euros. Enfin, certaines familles de licenciés ont participé à l’achat de nouveaux ballons.
Une générosité qui permet au club de souffler un peu en espérant que la saison puisse reprendre rapidement.