De nombreux fleuristes ont repris le travail ces deux dernières semaines mais le secteur reste en crise. Covid-19 oblige, les ventes s'exercent uniquement sur commande, par livraison ou par un système de drive. Pour le muguet du 1er mai, les fleuristes vous invitent à passer commande.
Les fleuristes en crise
Les fleuristes sont sous le coup du décret du 23 mars 2020 qui les autorise à exercer leur activité uniquement par livraison ou par retrait de commandes et dans le respect de l'application des mesures barrières.
Une décision qui exclut toute visite dans leurs magasins et qui les place aujourd’hui dans une situation économique très grave.
Pour les 900 fleuristes normands la perte du chiffre d'affaire varie de 50 à 90%.
"Les réapprovisionnements en fleurs ont repris"
"Depuis une bonne semaine, on note une légère reprise de l'activité", nous indique Sophie Amice-Lerebourg, fleuriste à Caen et par ailleurs présidente de la Chambre Syndicale des Fleuristes des 5 départements normands."Notre secteur n'étant pas jugé prioritaire, les camions de livraisons étaient réservés jusque-là aux denrées alimentaires. Depuis peu, les réapprovisionnements en fleurs ont repris".
Nos boutiques restent fermées et nous vendons uniquement par drive, livraison à domicile ou par le biais de plateformes internet (Interflora, Florajet ou 123fleurs...) Malgré cela on le comprend, la situation est critique
Le muguet pour se donner un peu d'air
Les fleuristes auraient aimé miser sur le 1er mai et la traditionnelle vente du muguet pour combler un peu le déficit de ces dernières semaines. Ils ne se font toutefois pas d'illusion.
Ils savent que, tout au plus, la vente de la fleur à clochettes va leur permettre de limiter la casse. Les conditions de vente qu’impose la pandémie ne vont pas leur permettre de combler le manque à gagner.
Pas de vente à la sauvette cette année
Confinement oblige, la vente du muguet sera très réglementée pour les commerces et totalement interdite pour les particuliers qui vendent traditionnellement sur la voie publique. C'était une demande de la profession nous indique Sophie Amice-Lerebourg, la présidente de la Chambre Syndicale des Fleuristes en Normandie.
L'information est confirmée par le préfet de Seine-Maritime dans un communiqué qu'il nous a adressé ce lundi 27 avril.
#COVID19 | #Muguet #SeineMaritime
— Préfet de la Seine-Maritime (@Prefet76) April 27, 2020
La vente du muguet à la sauvette et l'ouverture des fleuristes sont strictement interdits
Un dispositif de contrôle spécifique sera mis en place la journée du #1erMai.
➕ d'informations ? https://t.co/I4AqPDxT4Q pic.twitter.com/EROcaeeu9V
885 euros d'amende !
"Le fait de vendre ou d'exposer en vue de la vente des marchandises dans des lieux publics sans autorisation ou déclaration régulière constitue une contravention réprimée par le code pénal (amende de 750 euros voire plus et, à titre de peine complémentaire, la possibilité de confisquer la marchandise -Art R 644-3)", indique la Prefecture dans un communiqué.
Cette décision s'appliquera donc aux vendeurs de muguet, à la sauvette.
Notons qu'à ces 750 € d'amende, il faudra ajouter 135 autres € pour non-respect des motifs de sorties autorisées par l'attestation de déplacement dérogatoire.
Des fleuristes privés de stands devant leur boutique
C'était une autre demande des professionnels pour contourner ponctuellement le confinement : être autorisé à vendre du muguet devant leur pas de porte.
Sur ce point, ils n'ont pas été entendus.
Le préfet de Seine-Maritime rappelle que les fleuristes ne pourront vendre du muguet que sur commande, par retrait au magasin ou en livraison.
"Il n'y aura pas d'autre disposition particulière mise en place dans le département de la Seine-Maritime" précise-t-il.
Une décision qui offusque la présidente des fleuristes de Normandie
"Les commerces de produits essentiels (supermarchés, supérettes, multi commerces...) sont autorisés à vendre du muguet en magasin et pas nous. On ne comprend pas très bien cette décision. C'est encore la grande distribution qui va tout récupérer !"... "Certes, la vente du muguet n'est pas prioritaire mais sur le plan économique, on vit une catastrophe"…
"On a eu les gilets jaunes, la réforme des retraites... On a été privés des Rameaux, de Pâques et maintenant du muguet du 1er mai !".
Pour les fleuristes qui ne disposent pas d'une grosse trésorerie : la situation risque effectivement d'être très difficile.
"Les charges sont repoussées mais il va bien falloir les payer".
Limiter la casse
On le comprend, dans ces conditions, producteurs et fleuristes vont tenter de limiter la casse. Et chacun de tenter de trouver des solutions.
Les grossistes se tournent donc vers la grande distribution pour écouler leur production.
Les fleuristes eux vont tenter de s'adapter en vendant à proximité et à leur clientèle fidèle.
Beaucoup de temps et d'énergie
Pour Claudine Duriez, fleuriste dans une rue commerçante de la rive gauche de Rouen, il est nécessaire de s’adapter.
La situation est difficile mais je ne me plains pas trop encore »… « Je suis heureuse de pouvoir faire ce métier que j’aime et je veux continuer à satisfaire mes clients.
Et la patronne de CD Fleurs de raconter comment elle travaille.
Tout se passe par téléphone. Les gens passent commande. Ils me font part de leurs souhaits. Je prends des photos de mes réalisations que je leur envoie ensuite. Ils me donnent leur accord. Je réalise les bouquets. Je les livre… ou les gens viennent chercher leurs commandes à l’entrée du magasin. Tout cela nécessite beaucoup de temps et d’énergie aussi.
La solidarité des autres commerçants
Et de l’énergie, il va lui en falloir encore à Claudine pour tenter de minimiser ses pertes avec la vente du muguet. Car même si elle vendra moins de muguet cette année, il va falloir qu'elle prépare sa marchandise toute seule. Privée de sa jeune apprentie.
Ses collègues commerçants de la rue Saint Julien à Rouen lui ont proposé de l’aider en disposant des points de ventes dans leurs boutiques. Le caviste, un boulanger ou encore le buraliste vont donc vendre du muguet pour le compte de Claudine.
Je vais déposer une vingtaine de pots de muguet en racine chez chacun d’eux à partir de mercredi. Si ça marche bien, j’en préparerai d’autres… Du muguet en racine, parce qu’il est de meilleure qualité cette année. Le muguet en coupe a fleuri trop tôt cette année !
Un terrible gâchis
Plus de 80 % du muguet vendu en France, est produit dans la région de Nantes. La Fédération des maraîchers de cette région, est très inquiète. de cette région. Elle affirme que plus des 2/3 de la production devrait être perdue cette année.42 millions de brins des 60 millions produits ne seront pas vendus !