En raison de leurs églises fermées, plusieurs prêtres célèbrent la messe dans des lieux insolites, comme le père Geoffroy de la Tousche, curé de la paroisse Notre Dame-Dame Rouen Centre. Chaque jour, il officie dans des lieux impactés par le confinement, y compris en plein champ de colza.
Impossible depuis plusieurs semaines de célébrer les messes normalement dans les églises fermées pour cause de coronavirus.
Alors, pour garder le contact avec leurs fidèles, les prêtres normands se sont adaptés et multiplient les initiatives.
Résultat, une fois installé le principe des messes virtuelles, retransmises chaque jour en direct sur la chaine You Tube du diocèse de Rouen, celui d'une externalisation des lieux de culte a ensuite été enclenché.
Des messes quotidiennes et en direct sur You Tube
A l'origine, on retrouve très vite le très "connecté" Père Geoffroy de la Tousche, curé de la paroisse Notre Dame-Dame Rouen Centre qui enchaine depuis le début du confinement les offices à distance, en direct sur internet.
Mais, pour se plonger encore plus profondément au coeur du partage, une bonne idée a vite remporté l'adhésion du diocèse : celle de rejoindre les fidèles sur leur lieu de confinement ou du moins dans un endroit qui en subit les effets, pour y célebrer chaque jour des messes inédites, et toujours retransmises en direct.
Des autels improvisés dans des fournils ou en pleine nature
Alors, après des boulangeries, des bars, des entreprises ou des silots portuaires, le père Geoffroy de la Tousche s'est rendu ce week-end au beau milieu d'un champ, à Saint-Jean-du-Cardonnay, sur la propriété d'un fidèle, Guillaume de Bagneux, producteur de colza.
Il y a célébré une messe dédiée aux agriculteurs.
Une manière originale, mais indispensable pour entretenir le lien au sein de la communauté catholique confinée chez elle.
"C'est un temps spirituel fort qui permet de rejoindre les gens, de les faire prier, à partir de ces lieux un peu insolites, où l'on peut entendre des choses nouvelles dans un autre cadre.
Père Geoffroy de la Tousche
Des entretiens "découverte" dans chaque lieu
Du coup, son rituel, désormais bien rôdé, obéit à certaines règles qu'il s'est fixé, comme l'interview du propriétaire des lieux qu'il réalise avant chacune de ses messes.
Une bonne occasion aussi de faire découvrir des métiers souvent dévalorisés ou méconnus.
"Notre relation avec une caissière, un pompier, un boulanger, on l'avait un peu oublié, on était devenu presque trop riches de relations sans se rendre compte au final de leur beauté !"
Père Geoffroy de la Tousche
Un appel officiel des Evêques de France
Mais à l'approche du déconfinement annoncé pour le 11 mai pochain, la Conférence des Evèques de France a de son côté choisi aussi de se mobiliser.
Les prélats se sont donc réunis ce 24 avril en assemblée plénière exceptionnelle par visio-conférence.
Il s’agissait en réalité surtout pour les évêques de se retrouver, alors qu’ils n’ont pas pu tenir leur Assemblée de printemps à Lourdes, notamment pour évoquer ensemble les délais et les modes du « déconfinement » non seulement des cérémonies liturgiques, mais aussi des activités catéchétiques et caritatives de l’Eglise.
Après avoir fait le point sur la situation, ils ont adressé leurs recommandations au gouvernement dans un communiqué officiel, par lequel ils ont réaffirmé leur volonté de réouverture des lieux de culte. :
"Les évêques de France redisent combien il leur semble essentiel que la vie ecclésiale puisse retrouver son caractère pleinement communautaire au même rythme que la vie scolaire, sociale et économique de notre pays à partir du 11 mai 2020."
De leur côté, dans une tribune publié dans le journal Le Figaro, plus de 130 prêtres et curés de paroisses qui exercent leur sacerdoce dans les différentes régions de France demandent aussi au chef de l’État de rétablir la liberté de célébrer les messes dans les églises à partir du 11 mai.
"Prêtres de terrain, au contact de tous et disponibles pour tous, en milieu urbain, semi-urbain ou rural, aumôniers, vicaires, curés de paroisse, nous venons vous demander, Monsieur le président, de nous laisser nous aussi reprendre pleinement notre service, dès le 11 mai."