Covoiturage : on a testé deux applications pour se déplacer gratuitement (ou presque)

Le covoiturage fait de plus en plus d'adeptes. La plateforme la plus connue en France, Blablacar, compte aujourd’hui plus de 15 millions d’utilisateurs. Mais les collectivités locales s’y mettent aussi et investissent pour proposer des trajets à moindre coût. En Normandie, nous en avons testé deux : Covoit'ici et Karos.

Chaque jour en France, 900.000 personnes covoiturent pour aller travailler. Un mode de transport économique et plus respectueux de l’environnement. Depuis la création de Blablacar en 2006, le covoiturage - qui consiste à partager son trajet avec d'autres personnes en moyennant un partage des frais - fait de plus en plus d'adeptes. L'application leader en France compte aujourd'hui plus de 15 millions d'utilisateurs. 

Mais les collectivités locales s’y mettent aussi. En Normandie, la Métropole Rouen Normandie est devenue le premier territoire de France en covoiturage. C'est le résultat d'une étude de l’Observatoire national du covoiturage publié fin mars 2022. Elle devance Angers, Montpellier, Nantes et Toulouse. 

L'application Klaxit réalise à elle-seule 88% des trajets en Normandie (source data.gouv), et quasiment 100% à Rouen (29 000 trajets réalisés sur la métropole de Rouen en mai 2022).

"En moyenne, chaque voiture est occupée par 1,03 personne pour les trajets du quotidien, les sièges libres sont la norme plus que l’exception. En France, nous n’avons pas de pétrole mais nous avons des sièges libres", explique Thomas Matagne, président d’Ecov. Et pour accélérer le covoiturage de courte distance, les collectivités locales s'y mettent aussi en subventionnant les trajets.
Nous en avons testé deux !

Covoit'ici, le covoiturage gratuit et sans réservation

Premier test avec Covoit’ici. Chaque jour, près de 10.000 personnes se déplacent entre l'agglomération de Rouen et Val-de-Reuil pour aller travailler. Des trajets où les personnes sont bien souvent seules en voiture. Alors pour regrouper ces gens qui partent aux mêmes heures et qui vont au même endroit, la Métropole rouennaise vient de lancer une ligne de covoiturage gratuite et sans réservation. Le service est disponible du lundi au vendredi de 6h30 à 8h30 dans le sens Rouen-Val de Reuil et de 17h à 19h dans le sens inverse. 

Le concept fonctionne un peu comme un arrêt de bus, il suffit de se rendre sur l’un des points de départ. A Rouen, il y en a deux : boulevard d'Orléans et devant le Zénith. A l’aide de mon smartphone, je demande un conducteur, le panneau s'illumine. Ensuite, il ne me reste plus qu’à attendre. Et si j’attends plus de 10 minutes, Covoit'ici s'engage à prendre en charge un taxi pour me permettre d’arriver à l’heure.

Je fais le test un lundi matin vers 7h. Après quelques minutes d'attente, l'application m'indique qu'un conducteur arrivera dans 9 minutes. A 7h15, mon chauffeur du jour se présente à moi. Je fais la connaissance d'Aurélien, ancien rugbyman qui vient de se reconvertir dans la maroquinerie. "J'ai commencé le covoiturage en même temps que mon nouvel emploi", explique-t-il. 

Comme la plupart des conducteurs qui pratiquent ce mode de transport, la motivation est avant tout économique. Si le trajet ne coûte rien pour les passagers, le conducteur touche 1 € pour la mise à disposition de ses sièges libres aux heures de pointe, et 2 € par passager dans la limite de 2 trajets par jour.

Je fais ce trajet tous les jours du lundi au vendredi. Sans passager, je touche environ 40€ par mois, ce qui n'est pas négligeable au prix de l'essence en ce moment. Sachant que je fais deux pleins par mois.

Aurélien, apprenti covoitureur

"On découvre les personnes aussi. On parle de la pluie et du beau temps, le trajet passe plus vite. C'est un moment assez agréable."

En tant que passagère, sur un an, cela représenterait environ 1.400 euros économisés et 2,6 tonnes de CO2 épargnées à la planète.  

A 7h40, Aurélien me dépose sur l'aire de covoiturage à Val-de-Reuil. Il faudra terminer le trajet par ses propres moyens.

Bilan du trajet : cela ne m'a absolument rien coûté. En revanche, Covoit'ici n’est pour l’instant disponible que sur un seul itinéraire et si je veux repartir à Rouen, il faudra attendre 17h. Une nouvelle ligne de covoiturage doit ouvrir dans les prochains mois entre Barentin et Rouen et une réflexion est en cours avec le Roumois et le Vexin.

Le service de covoiturage de la Région Normandie

J'ai ensuite testé une autre application. La région Normandie s’est elle aussi lancée dans le covoiturage du quotidien, en partenariat avec Karos, spécialisé dans les courts trajets. Depuis 2020, ce service est disponible dans les 12 territoires suivants : Communautés de communes Normandie Pays d’Auge, Côte fleurie, Honfleur Beuzeville, Pont Audemer-Val de Risle, Roumois Seine, Val ès Dunes, Le Pays du Neubourg, Intercom Bernay, Lieuvin-Pays d’Auge, Terre d’Auge, Pays de Falaise, Campagne de Caux.

Sur l'application mobile, je cherche un conducteur ou une conductrice susceptible de partir à la même heure et de faire le même trajet que moi. Là aussi, ça ne me coûte presque rien : 2 euros le trajet, dans la limite de 25 km.

Après quelques minutes de marche, je retrouve Séverine qui m'a donné rendez-vous près de son lieu de travail. Cette dernière est une habituée du covoiturage. "J'en fais tous les jours, matin et soir. J'utilise trois applications différentes", nous raconte-t-elle. "Je m'étais inscrite d'abord en tant que passagère lorsque je suis tombée en panne de voiture. Je n'avais pas de moyen de transport pour aller au travail, c'est là que l'aventure a commencé."

Je récupère en moyenne entre 40 et 70€ par mois.

Séverine, 40 ans

Arrivée à destination, et fin de ce deuxième covoiturage de la journée, bien différent du premier. Contrairement à Covoit’ici, Karos propose plus de choix de trajets et d’horaires et il est possible de s’arranger plus facilement avec les conducteurs.

Mais le principal c’est que dans les deux cas, j’ai économisé de l’argent et surtout j’ai limité mon emprunte carbone !

Covoiturage : avantages et inconvénients

Le principal intérêt est d’abord économique : le conducteur et les passagers se partagent les frais d’essence et de péage. Par exemple, si vous covoiturer quotidiennement pour vous rendre sur votre lieu de travail, à 30km de chez vous, vous pourriez économiser jusqu’à 2.000 euros chaque année.

Le covoiturage, c’est aussi lutter contre la pollution. Deux passagers dans une voiture, c’est deux fois moins de CO2 rejetés dans l’atmosphère. C’est aussi une excellente alternative pour lutter contre les embouteillages. Pas de voiture, pas de congestion, pas de congestion.. pas de pollution !

Covoiturer, c’est aussi utile pour que les personnes sans véhicule puissent se déplacer plus facilement, là où les transports en commun ne sont pas forcément présents. C’est aussi renforcer les liens sociaux en faisant de nouvelles connaissances. Le temps passe plus vite et cela rend le trajet plus convivial… Mais il faudra accepter la personnalité des uns et des autres !

Vous n’êtes pas à l’abri d’un retard, d’une annulation de dernière minute et si vous êtes passager, il faudra vous adapter à l’itinéraire du conducteur. Peut-être que vous ne partagerez pas les mêmes centres d’intérêts entre passagers et votre trajet deviendra morose. Certains  conducteurs n’aiment pas bavarder pour rester concentré sur la route, d’autres n’aiment pas non plus écouter de la musique et les animaux ne sont pas toujours acceptés.

Pour ne pas gâcher l’expérience, il est recommandé d’échanger quelques messages en amont. Mais rassurez-vous la plupart du temps, tout le monde s’y retrouve !  Entre simplicité, convivialité, et économie !

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Normandie
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité