Qui est responsable de l'incendie du 26 septembre 2019 et du panache polluant de 20 kilomètres ? Nos confrères du journal "le Monde" ont pu lire le rapport du complément d’expertise réalisé pour l'instruction pénale.
Une cour de stockage de produits finis dans l'entreprise rouennaise de Lubrizol, (fabriquant de lubrifiants automobiles). Ce serait le point de départ du feu. Le rapport des experts réalisé en 2022 conclut à la même hypothèse que celui de décembre 2020.
L'expertise a été ordonnée par le juge d'instruction parisien du pôle de santé publique à l’Institut de recherche criminelle de gendarmerie nationale (IRCGN).
Déjà en septembre dernier, Simon de Carvalho président de l'Association des Sinistrés de Lubrizol. déclarait : "Pour nous, il est évident que l'incendie est parti de chez Lubrizol. Le dossier de l'instruction le dit. Il part de 3 hypothèses et celle qui est retenue est un départ de feu chez Lubrizol"
Ces avancées de l'enquête sont révélées quatre jours après un nouvel accident industriel à Grand-Couronne (Stockage de batteries lithium de Bolloré Logistics).
Le collectif d'associations de sinistrés de Lubrizol a prévu un rassemblement le 23 janvier à 18h au palais de justice de Rouen, avec une aide juridique pour le dépôt de plaintes.
La manifestation de la vérité malgré un site carbonisé
Le 26 septembre 2019, trois hectares ont été brûlés à l'usine Lubrizol, plus de 7000 mètres carrés à Normandie Logistique. (source : rapport d'information parlementaire)
Le journal "le Monde" a eu accès au rapport d'expertise sur l'incendie du 26 septembre 2019 ( Incendie de Rouen : le feu a bien pris chez Lubrizol, selon le rapport d'expertise. Stéphane Mandard) et explique les moyens pour cerner le point de départ de l'incendie. (nommé "zone d'éclosion)
"les enquêteurs ont analysé les procès-verbaux du personnel des différents services présent sur le site au moment où l’incendie s’est déclaré, les enregistrements photographiques et vidéos et les études sur les systèmes d’alarme et de détection."
Stéphane Mandard, journal "le Monde"
Le rapport explique que les experts sont allés aux limites de ce qu'il était possible de déterminer : "l'étude complémentaire apportée aux systèmes d'alarme et de détection nous permet de confirmer la zone de départ de feu initialement retenue, sans toutefois pouvoir l'affiner davantage"
L'hypothèse d'un feu parti de la société voisine "Normandie Logistique" est ainsi décrite : "La propagation de l'incendie de l'entreprise Normandie Logistique vers Lubrizol est une hypothèse très fortement minimisée."
"une simple hypothèse" pour l'entreprise Lubrizol
Le service de communication du géant américain des additifs pour lubrifiants automobiles a pris connaissance de cette expertise. Lubrizol reste sur sa ligne de défense.
"Le rapport d’expertise complémentaire ne confirme en aucun cas que l’incendie est parti côté Lubrizol.
Le rapport d’expertise complémentaire confirme les conclusions du 1er rapport d’expertise : les experts confirment la Zone de départ de feu ( zone identifiée par les experts dans laquelle se trouvent NL Logistique et Lubrizol) ainsi que l’hypothèse privilégiée d’un départ côté Lubrizol. Il ne s’agit donc toujours que d’une simple hypothèse".
La société est mise en examen pour "exploitation non conforme d’une installation classée ayant porté une atteinte grave à la santé, la sécurité ou dégradé substantiellement la faune, la flore, la qualité de l’air, du sol, ou de l’eau."
L'entreprise voisine "Normandie logistique" est témoin assisté.
"Une cause technique" ou "humaine"
Le rapport d'experts conclut que les causes du sinistre n'ont quant à elles pas pu être formellement établies, plusieurs hypothèses étant considérées comme plausibles, notamment une "cause technique, qui pourrait être liée à une source d'énergie" ou une "cause liée à une intervention humaine".
Dans la première expertise de 2020, les experts précisaient que "la détérioration accidentelle d'un conteneur, consécutive à une manoeuvre d'engin, peut conduire à un départ de feu de son contenu".