Un peu plus de 3 ans après la catastrophe de Lubrizol, l'incendie survenu lundi 16 janvier sur le site de Bolloré Logistics à Grand-Couronne a réveillé des angoisses chez certains riverains. Un phénomène psychologique courant lorsque l'on vit des événements négatifs successifs.
Des bruits d'explosions impressionnants, puis un manque d'information. L'incendie survenu lundi 16 janvier sur le site de Bolloré Logistics a ravivé des peurs chez certains riverains de l'agglomération rouennaise. L'incendie de Lubrizol il y a plus de 3 ans était lundi soir dans tous les esprits.
Pour Sandrine Elias, psychiatre, il est normal que la situation vécue en début de semaine ravive des angoisses antérieures : "c'est un événement très récent dans la mémoire collective, on a tous en tête une semaine extrêmement angoissante il y a un peu plus de 2 ans".
Des informations rassurantes
Dans les heures et les jours qui ont suivi l'incendie de Grand-Couronne, les autorités ont rapidement transmis des informations concernant les conséquences de l'évènement.
Dans les médias, les sapeurs-pompiers ainsi que la préfecture de la Seine-Maritime ont communiqué sur le sujet en assurant que sur l'ensemble des mesures prises, ils n'avaient pas relevé de polluants susceptibles de mettre en danger la population et que la qualité de l'air était bonne. "Transmettre des informations claires, les plus transparentes possibles et rapidement, permet de rassurer la population", explique le Dr Elias. Car un message confus peut avoir de graves conséquences et faire émerger des angoisses.
Une cellule et un numéro d'écoute
Au lendemain de l'incendie de Lubrizol, des équipes de psychiatres avaient été mobilisées très rapidement. À Grand-Couronne, elles ne sont pas intervenues sur le champ car leur place "n'était pas pertinente", explique Sandrine Elias. En revanche, une cellule et un numéro d'écoute ont été mis en place par l'Agence Régionale de Santé. "Elle est à destination des professionnels de santé qui vont recevoir des enfants, des adolescents, des adultes angoissés ou présentant des symptômes physiques liés à des déagazages ou des vapeurs toxiques", explique la psychiatre.
La médecin faisait déjà partie de la cellule d'écoute organisée en urgence à la suite de l'incendie de Lubrizol en octobre 2019.
60% des riverains de l'incendie de Lubrizol ont consulté leur médecins traitants pour des troubles ou des manifestations anxieuses.
Sandrine Elias - psychiatre
Plus de 2 ans après, elle rappelle l'impact important que la catastrophe a eu sur certains riverains à la suite d'une étude menée par l'Agence Régionale de Santé de Normandie : "on a pu constater un retentissement sur la santé mentale, avec essentiellement des troubles anxieux, voire des états dépressifs et post-traumatiques".
Des maux qui se sont manifestés par des symptômes digestifs, ORL, des troubles respiratoires ou des troubles du sommeil. Une réalité que les médecins généralistes ont perçu très vite à l'époque. Reste à savoir si les fantômes de Lubrizol ressurgiront chez ces patients.