Malgré un premier échec dans le développement de la voiture autonome dans l'agglomération de Rouen (Seine-Maritime), les ingénieurs tentent de tirer des leçons pour de prochains projets futuristes.
Les tests pour faire circuler des voitures autonomes à Rouen sont stoppés net. La mise en service qui était prévue en 2018 avait été repoussée à de multiples reprises. Désormais, les porteurs du projet reconnaissent les limites technologiques de la voiture autonome. "Dans les tests que nous avons réalisé, le véhicule va souvent s'arrêter, parfois avec des fausses alertes. [...] La technologie n'est pas complètement mûre", assume Jean-Marc Magda, directeur général adjoint chargé des questions de mobilité de la Métropole Rouen Normandie.
Renault s'est retiré du projet
Face à ces difficultés, Renault chargé de fabriquer ces véhicules sans chauffeurs, s'est finalement retiré du projet. Le constructeur au losange avait notamment tenté de faire circuler des "Zoé" électriques sur un parcours de 1,6 km dans le quartier du Technopôle du Madrillet, à Saint-Etienne-du-Rouvray.
Ce projet de 11 million d'euros, conduit par la Métropole Rouen Normandie, le groupe Transdev, Renault et la Matmut, était le seul en Europe à tenter de faire circuler des voitures autonomes sur "routes ouvertes", c'est-à-dire au milieu d'autres véhicules classiques.
Malgré ce premier échec, les expérimentations ont permis d'avancer sur d'autres pistes au niveau local. "Nous avons repris les capteurs installés sur les 'Zoé' autonomes pour les installer sur des bus. Nous pourrions automatiser certaines fonctionnalités", annonce Frédéric Saffroy, coordinateur Transdev du projet.
En cas d'accident, qui est responsable ?
A Saint-Etienne-du-Rouvray, au sein de l'école d'ingénieurs Esigelec, les étudiants poursuivent les travaux sur le véhicule du futur. Fort de l'expérience de la Zoé, les ingénieurs vont tenter de faire avancer le projet avec davantage de temps et de financement. Mais d'autres difficultés sont attendues : "nous avons aussi beaucoup des verrous à faire sauter, souligne Etienne Craye, directeur général de l'Esigelec, indépendamment de la technologie, la réglementation doit aussi évoluer. En cas d'accident, puisqu'il y aura toujours des accidents, où seront les responsabilités ?"
Depuis le 1er septembre, la conduite autonome est autorisée par la loi sous certaines conditions. Mais pour le moment, aucune voiture ne roule toute seule sur nos routes.