Les bars et restaurants du centre-ville de Rouen ont-ils respecté la fermeture à 21h en ce premier soir de réouverture des terrasses ? Nous avons suivi une patrouille de la police nationale pour cette première soirée de retour à la liberté.
Il flottait comme un air de liberté dans les rues de Rouen ce mercredi 19 mai 2021.Et pour cause, les terrasses des bars et des restaurants ont enfin rouvert. Le soleil a même pointé le bout de son nez dans la journée pour l’occasion. Le moment parfait pour partager un verre ou un dîner à la sortie du bureau. Un retour à la liberté oui, mais en douceur. Car si le couvre-feu est décalé de deux heures, tous les établissements doivent être fermés à 21h.
"On va être cool au début"
Il 20h lorsque nous embarquons à bord d'un véhicule de la police nationale. Leur mission ce mercredi soir ? Veiller à la fermeture des terrasses et au respect de ce couvre-feu dans le centre-ville de Rouen. "On ne se fait pas trop de soucis pour ce soir, les bars sont tellement contents de rouvrir qu’on se doute qu’ils n’ont pas envie d’être sanctionnés", nous indique le commandant.
Pour ce premier soir de réouverture, il n'y aura pas de sanction. "C'est le premier soir, on va leur laisser un peu le temps de fermer. Il faut savoir faire preuve de discernement", indique le commandant.
En centre-ville, les terrasses sont pleines. En attendant le couvre-feu, l'équipe veille à ce que le protocole sanitaire soit bien respecté : jauge à 50%, pas plus de 6 personnes à table... Premier arrêt devant le First liberty, situé rue aux Juifs. Ici, le protocole semble parfaitement respecté. Ce café vient d'obtenir la licence qui l'autorise à servir de l'alcool. "Je suis vraiment étonné de l'engouement, on a même été contraints de refuser des clients", s'étonne Jean-Baptiste Cheval, gérant du First Liberty.
Le commandant lui rappelle qu'il ne doit plus y avoir de clients à 21h. Le gérant lui répond qu'il arrêtera de servir dès 20h30. Les consommations sont servies dans des gobelets jetables "pour que les gens puissent finir gentiment".
"C'est incontrôlable !"
20h30, une foule sur les terrasses de la place du 19 avril 1944. Les gérants des bars Le Socrate et Le Flo's semblent dépassés par les évènements. "C'est incontrôlable ! Les gens sont là depuis 8h ce matin à boire de la bière. On se croirait un soir de fête de la musique ! Même le maire est venu s'installer à notre terrasse", nous raconte Matthieu Comont, fils du gérant du bar.
On avait des réservations à 18h, on a dû les refuser car les clients de l'après-midi ne voulaient pas partir. Beaucoup ont posé leur après-midi !
"C'est aux patrons de gérer leurs clients. Il ne faut pas que les consommateurs abusent de trop", lui rappelle le commandant. "On essaie de lutter mais c'est compliqué, les gens boivent plus vite. On n'a jamais vendu autant de shooter. On est en train de faire le même chiffre d'affaires sur un 18-21h que sur un 18-23h", répond Matthieu Comont.
20h45. Direction le quartier de l’hôtel de ville, devant le mythique O'Kallaghan's. Plus que 15 minutes avant la fermeture des établissements et le couvre-feu. La simple vue du véhicule de police semble dissuader les clients qui quittent la terrasse les uns après les autres. "On n'a même pas besoin de descendre de la voiture !", s'amuse le commandant.
20h54, sur la place Saint Marc, plus que 5 minutes avant la fermeture. Les clients sont toujours attablés sur quelques terrasses. Là encore, la simple vue du véhicule semble dissuasive, mais certains clients commencent seulement à manger. "On ne sert pas une pizza à 20h50", commence à s'agacer le commandant. "Je veux bien être sympa mais il ne va pas falloir qu'ils ferment à 21h30 non plus !"
"Il est l'heure Messieurs-dames, rentrez chez vous"
21h05 : retour sur la place du 19 avril 1944. Encore beaucoup de monde sur les terrasses. Le commandant et son collègue décident d'intervenir. "Il est l'heure Messieurs-dames, rentrez chez vous !" Sur la terrasse du Flo's, les dernières tournées de shooter sont servies. "C'est frustrant de rentrer si tôt mais c'est déjà mieux que rien", nous indique Sophie, venue fêter la réouverture des terrasses entre amis.
Il faudra une dizaine de minutes pour que la place se vide. "Il y a des abus. On ne sert pas de verres jusqu'au dernier moment !", s'agace à nouveau le commandant.
21h23, les contrôles s'enchaînent. Sur la place du Vieux Marché, les terrasses sont vides. Mais devant le restaurant le Cancan, des clients attendent encore pour payer. Le dîner semble s'être éternisé. Du côté de la place Saint-Marc, quelques groupes d'amis contents de se retrouvent terminent leur bière dans des gobelets en plastique. Ils sont rappelés à l'ordre.
Dernier tour aux alentours de 21h30 rue Eau de Robec. Quelques clients tardent à la table d'un restaurant. "Déjà ?! ça passe vite ! Désolée c'est notre faute, on a traîné", s'exclame le groupe d'amis qui s'apprêtait à régler l'addition. "Même si vous traînez, c'est le responsable de l'établissement qui sera sanctionné à votre place", indique le commandant.
En effet, en cas de non respect des règle, la police nationale peut faire un signalement à la préfecture qui se charge ensuite d'un rappel à l'ordre, pouvant aller jusqu'à une fermeture administrative. "De quinze jours ou un mois, tout dépend de la réitération", précise le commandant.
21h40, le centre ville de vide, on ne croise plus que quelques voitures et des livreurs à vélo. La patrouille peut prendre fin. "Il fallait bien que les gens rentrent."