Des centaines de magasins de la grande distribution ont mis en place des horaires durant lesquels les bruits sont atténués et la lumière moins forte. Une atmosphère plus zen pour les clients.
Selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) 700.000 personnes seraient concernées en France (en 2018) par des troubles du spectre de l'autisme (TSA), dont 100.000 âgées de moins de 20 ans.
Pour ces personnes qui ont une forte sensibilité sensorielle, "une situation imprévisible peut provoquer une réaction d’angoisse ou de panique, de colère ou d’agressivité."
Pour mieux accueillir ceux dont les sens sont amplifiés, des supermarchés ont mis en place un dispositif spécial.
"Quiet time"
L'idée vient des pays anglo-saxons, où, en 2017, et en partenariat avec des associations de parents de personnes concernées par l'autisme, des chaînes de supermarchés, Coles en Australie et Tesco en Angleterre, ont créé des "quiet time" et des "quiet hours".
Le principe est de proposer des heures adaptées aux sensibilités sensorielles avec des plages horaires pendant lesquelles on réduit les bruits du magasin ainsi que la luminosité dans les rayons.
La diffusion de la musique est coupée, les annonces au micro (sauf urgence) suspendues, les bips de scanners de prix arrêtés, la circulation des machines de nettoyage et la manutention des chariots stoppée. Quant aux rampes d'éclairage, une moitié seulement est allumée.
Des "heures calmes" dans des milliers de magasins français
Après l'Angleterre, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, le principe des "quiet hours" a été expérimenté en France au printemps 2019 dans un supermarché Système U de Vierzon (Cher).
Puis, fin 2019, le dispositif de ces premières "heures calmes" a été étendu aux 1600 magasins du groupe Système U.
En avril 2021, Carrefour s'y met et teste "une heure silencieuse" une fois par semaine, avant d'élargir le dispositif à tous les jours d'ouverture dans ses 1240 magasins.
Comme l'explique Elodie Bleinc, la directrice du service santé au travail, handicap & diversité du groupe Carrefour, la mise en place de ces créneaux horaires répond à une volonté d’inclusion des personnes en situation de handicap :
"A l'image de l’ensemble des actions menées pour favoriser l’insertion de nos collaborateurs, l’enseigne s’engage aujourd’hui avec cette heure silencieuse à proposer des conditions davantage adaptées pour les personnes atteintes de troubles de l’autisme mais s’adressant également à tout client qui souhaite réaliser ses courses dans le calme."
Des achats dans la sérénité
Lise Benert-Stamate, présidente de l'association AES76, est maman d'un petit garçon autiste. Elle apprécie les "heures calmes" de son supermarché Carrefour de Mesnil-Esnard, près de Rouen (Seine-Marirtime).
Comme elle l'a expliqué à notre journaliste Amandine Pointel, pour les personnes autistes comme son fils, "les bruits soudains peuvent interférer sur leur concentration et provoquer du stress. Dans ces cas-là les personnes autistes vont mettre leurs mains sur leurs oreilles, et d'un seul coup, perdre la notion de là elles sont, et soit partir en courant, soit être figées directement sur place."
"Avec ce dispositif d'heures calmes, mon fils a été beaucoup plus concentré au niveau des courses et il n'a pas eu du tout de stress ni d'anxiété pendant cette période. Donc j'étais contente de la situation et lui aussi."
Les associations saluent l'initiative de ces heures dédiées à l'accueil des personnes autistes, mais espèrent que de nouveaux créneaux horaires soient proposés.
D'autres enseignes de la grande distribution vont suivre l'exemple de U et de Carrefour, comme Auchan, mais aussi dans le secteur du vêtement comme en août 2021 avec un magasin Kiabi du Val d'Oise.