On ne l’entend pas forcément mais la colère du monde agricole n'est pas retombée depuis près d'un un an. Accord commercial avec l'Amérique du sud, taxes, inflation, tracas administratif, les motifs d'agacement semblent très nombreux. Quelques actions sont prévues ce lundi 18 novembre.
Dans le Finistère, les JA (Jeunes agriculteurs) temporisent après l'appel à manifester lancé au niveau national par leur syndicat, en coordination avec la FNSEA. Les institutions européennes et le traité de libre-échange avec le Mercosur sont dans leur viseur.
Guillaume Léziart, jeune agriculteur salarié de 26 ans, devrait quitter bientôt ses champs pour la rue, ce lundi 18 novembre. Sur l’exploitation laitière de 130 bêtes où il travaille, les sujets de colère ne manquent pas.
🚫NON AU #MERCOSUR 🚫@FDSEA_Finistere et @JA_Finistere refusons de brader notre agriculture, notre souveraineté alimentaire et l’économie locale.
— FDSEA du Finistère (@FDSEA_Finistere) November 15, 2024
Nous appelons les élus à s'engager contre la ratification de cet accord qui mettrait en péril nos fermes et nos territoires ! 👊 pic.twitter.com/aR4BsGLu09
"Le problème le plus urgent, estime-t-il, c’est rétablir l’ordre dans toute cette gestion administrative. Il faut qu’on ait plus de vision sur nos marchés de production. Aujourd’hui les prix de nos produits sont assez volatiles".
Dans les Côtes-d'Armor, trois ronds-points bloqués
Dans les Côtes-d'Armor, à l'appel de la FNSEA et des JA 22, des manifestants vont se positionner aux ronds-points de Kernilien à Guingamp, de l’Aublette à Dinan et rue de l'Europe - vers Méheust, à Lamballe, à partir de 20 heures.
La circulation ne sera pas bloquée, il s'agira juste de se montrer et d'informer.
Un peu partout sur le territoire breton, "une multitude de petites actions aura lieu dans les cantons. Mais le mouvement devrait surtout s'amplifier à la mi-novembre", prévient la présidente de la FNSEA Bretagne Laetitia Bouvier.
Le Mercosur dans le viseur
Le monde agricole attend des réponses, et vite. En premier, sur l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Les mobilisations pourraient commencer dès la semaine prochaine.
"Si c’est un non au Mercosur, on va rester finir le travail, prévient Yann Le Gac, président Jeunes agriculteurs 29. Si c’est un oui au Mercosur par contre ça risque de gronder. On visera les Boulevard de l’Europe, les ronds-points de l’Europe, tout ce qui porte le nom d’Europe. On soutient l’Europe, mais l’Europe elle doit nous protéger, et pas nous mettre en concurrence avec des pays contre lesquels on ne peut rien faire".
On soutient l’Europe, mais l’Europe elle doit nous protéger, et pas nous mettre en concurrence avec des pays contre lesquels on ne peut rien faire.
Yann Le Gac, président Jeunes agriculteurs 29
La mobilisation pourrait monter en puissance dans les prochaines semaines, dans chaque département. FDSEA et JA ensemble, pour un coup de pression qui pourrait rappeler les manifestations du début d’année.
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Le mouvement de janvier 2024 qui se poursuit
« C’est vrai que c’était une mobilisation historique dans toute la France, rappelle Mégane Le Bars, secrétaire Jeunes agriculteurs 29. C’était même dans toute l’Europe. Pour nous c’est un appel à continuer ce mouvement qui a eu lieu en début d’année. Comme on n’a pas eu de chose actée, on veut le continuer pour montrer qu’on a toujours cette force de réseau".
Les autres syndicats agricoles se démarquent
Le mouvement est pour pour le moment regardé de loin par les autres syndicats. Ils devraient lancer leur propre mobilisation, à partir de la fin du mois de novembre.
La coordination rurale a notamment fustigé ce qu'elle appelle le "double-langage" de la FNSEA sur X.
La FNSEA soutient nationalement un accord au #Mercosur sur son X officiel
— Coordination Rurale (@coordinationrur) November 16, 2024
Stop au double langage : pousser les adhérents sur le terrain d un côté et publier ce texte...Agriculteurs ouvrez les yeux ?!
La Coordination Rurale défend le retrait complet du Mercosur, sans confusion pic.twitter.com/e0OcCNS76L
"On voudrait plus de transparence de la part des industriels, tonne Véronique Le Floc'h, présidente de la coordination rurale et qui promet elle aussi des actions. On a besoin de meilleurs prix, on a besoin d'allègements de charges, par rapport aux taxes foncières, par rapport à l'énergie, par rapport à tout ce qui nous permettrait d'être compétitifs par rapport à tout ce qui rentre de l'extérieur et qui vient tuer l'économie française".
On a besoin de meilleurs prix, on a besoin d'allègements de charges, par rapport aux taxes foncièrs, par rapport à l'énergie, par rapport à tout ce qui nous permettrait d'être compétititif par rapport à tout ce qui rentre de l'extérieur et qui vient tuer l'économie française
Véronique Le Floc'h, présidente de la coordination rurale
Un mouvement soutenu par la population
Par contre, il semble d’ores-et-déjà avoir le soutien de la population, c’est-à-dire des consommateurs.
Sur le marché de Chantepie, au Sud-Est de Rennes, ce n’est pas encore le sujet de discussion, mais ça pourrait le devenir.
"Ils ont une vie tellement dure que je trouve que leur travail n’est pas payé en retour", "Il faut qu’ils continuent leur lutte", "Bien sûr que je les comprends. Ils travaillent beaucoup et pour pas beaucoup de sous. Il y en a qui travaillent moins, ou pas du tout, et qui gagnent plus", voilà le type de phrases que l’on peut entendre dans les allées.
Une juste rémunération pour les agriculteurs
Une juste rémunération, cela fait partie des soutiens de la population aux agriculteurs. "Je ne pense pas qu’ils récoltent ce qu’ils investissent. Is travaillent énormément, ils n’ont pas d’heure, ils dépendent de la nature, ils sont très pris, je ne crois pas qu’on les rémunère pour ça".
Autre sujet d’inquiétude : l’accord de libre-échange qui pourrait être signé entre l’Europe et les 5 pays d’Amérique du Sud qui composent le Mercosur ( le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie). Il prévoit notamment d’importer de la viande.
"On a beaucoup de normes qui nous accablent toujours plus, estime Pénélope Sachet, vendeuse de volaille, et par contre on voit qu’on importe des produits qui ne respectent pas tout ça. Donc c’est vrai que c’est compliqué pour un producteur français".
On a beaucoup de normes qui nous accablent toujours plus, vendeuse de volaille, et par contre on voit qu’on importe des produits qui ne respectent pas tout ça. Donc c’est vrai que c’est compliqué pour un producteur français.
Pénélope Sachet, vendeuse de volaille
L’hiver dernier, selon un sondage de l’IFOP, les précédentes mobilisations étaient soutenues par 9 Français sur 10.