Moins d'un an après la fronde agricole qui avait secoué le pays, les syndicats FNSEA et JA appellent à de nouvelles mobilisations à partir de la mi-novembre. Ils s'inquiètent notamment d'un possible accord commercial, qu'ils jugent déséquilibré, avec l'Amérique du Sud. Et dénoncent toujours une surcharge de normes, et de trop faibles rémunérations.
Moins d'un an après la fronde des agriculteurs, les syndicats majoritaires de la profession appellent à une nouvelle mobilisation à partir de mi-novembre.
Cet appel intervient sur fond de négociations d'un accord de libre-échange UE-Mercosur et de mobilisations en cours dans plusieurs départements, selon les syndicats.
L'alliance syndicale agricole majoritaire formée par la FNSEA/Jeunes Agriculteurs, qui a organisé des blocages exceptionnels dans toute la France au début de l'année, appelle son "réseau" à "une reprise des actions à partir du 15 novembre". De premières actions ont été recensées sur le terrain.
Lire aussi. Lait sous pression, opération coup de poing de la Confédération Paysanne contre Lactalis
Un potentiel accord commercial avec le Mercosur dans le viseur
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a qualifié dans les colonnes d'Ouest-France de "ligne écarlate" la possibilité d'un accord commercial entre la Commission européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) qui pourrait être sur la table du sommet du G20 le 18 novembre à Rio.
"L'accord ouvrirait la porte à 99.000 tonnes de viandes bovines, à 180.000 tonnes de viandes de volaille, à l'équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, à 180.000 tonnes de sucre", selon les deux syndicats.
Le communiqué pointait du doigt une "absence de réciprocité concernant les conditions de production" de part et d'autre de l'océan Atlantique, appelant Emmanuel Macron et Michel Barnier à "mettre définitivement fin" aux discussions sur un accord qui se ferait "au détriment de notre souveraineté alimentaire, de nos économies et de la santé du consommateur". La France a répété qu'elle s'opposait à l'accord "en l'état" mais d'autres pays, comme l'Allemagne, appellent à une conclusion rapide des négociations.
"Surcharge de normes et manque de rémunération", selon la FDSEA 22
Dans les Côtes-d'Armor, Fabienne Garel, la présidente de la FDSEA 22, souligne que les revendications ne concernent pas uniquement l'accord avec le Mercosur.
Elle dénonce aussi une "surcharge de normes et de trop faibles rémunérations".
Mauvaises récoltes, épidémies... et élections professionnelles
Sur le terrain, la situation est potentiellement plus explosive qu'il y a un an.
Après une campagne marquée par des pluies quasi incessantes, la France a connu sa pire récolte de blé en 40 ans, des pertes considérables dans les vignobles, un regain d'épidémies animales, et les semis de blé d'hiver pourraient être menacés si les sols restent gorgés d'eau.
Les syndicats ont lancé ces dernières semaines des "avertissements", se disant prêts à revenir dans la rue, tout en se défendant de pousser à la surenchère alors que se profilent leurs élections professionnelles fin janvier.
Ces scrutins détermineront leurs poids respectifs au sein des chambres d'agriculture, aujourd'hui largement dominées par la FNSEA.
"Les engagements pris seront tenus", indique la Ministre Annie Genevard
De son côté, le gouvernement assure que les engagements pris après le dernier mouvement de colère du monde agricole seront tenus.
"J'entends une colère (...) Mon obsession, c'est de répondre aux engagements qui ont été pris", a assuré la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, sur Sud-Radio.
Parmi ces engagements, le projet de loi d'orientation agricole, dont le cheminement parlementaire a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale, "reprendra son parcours au Sénat avant fin de l'année". "L'examen commencera en décembre, dès que le Sénat me donne un créneau", a-t-elle assuré.
La réforme des retraites agricoles, qui seront basées sur les 25 meilleures années des intéressés, "sera mise en œuvre au 1ᵉʳ janvier 2026", a-t-elle ajouté pour apaiser les craintes autour d'un délai supplémentaire. Sur les contrôles, que les agriculteurs jugent trop nombreux, "on est en train de finaliser un dispositif qui répondra à leurs attentes", a-t-elle dit, sans précisions.
La ministre a toutefois appelé à éviter "la violence", qui "est toujours une impasse", et assuré que sa porte était "ouverte".