Annoncée par la ministre du travail, la suppression des emplois aidés concerne de nombreux postes dans les collectivités et associations. La sénatrice Nelly Tocqueville et le député Christophe Bouillon ont notamment réagi.
"Depuis plusieurs semaines maintenant, le sujet des emplois aidés est au coeur des discussions des élus locaux". En introduction de sa lettre adressée au premier ministre Édouard Philippe, la sénatrice Nelly Tocqueville (PS) rappelle l'importance prise par le dispositif dans la vie des collectivités et des associations.
Le non-renouvellement des CAE-CUI (contrat d'accompagnement dans l'emploi, contrat unique d'insertion) annoncé par la ministre du travail Muriel Pénicaud n'est pas encore acté. Mais dans les nombreuses mairies et associations profitant des subventions d'états pour débloquer des postes et des projets, l'inquiétude est de plus en plus grande.
"Un : les contrats aidés sont extrêmement coûteux pour la nation, deux : ils ne sont pas efficaces dans la lutte contre le chômage, et trois : ils ne sont pas un tremplin pour l'insertion professionnelle". Le diagnostique de Muriel Pénicaud est ferme. Nelly Tocqueville répond de son côté qu'ils "permettent à des milliers de personnes éloignées de l'emploi, sans qualification suffisante pour répondre au besoin du marché du travail, d'être utiles à la société, de se lever le matin, d'accomplir des missions de service public."
Avant de souligner le reproche budgétaire, premier argument des détracteurs du dispositif : "les supprimer, ce sera renvoyer ces bénéficiaires au chômage (...). Cela ne coûtera pas moins cher sur le plan budgétaire".
Le député Christophe Bouillon (PS, 5e circonscription de Seine-Maritime) a lui aussi adressé un courrier au premier ministre, relayé par Paris-Normandie, dans lequel il précise que "pour les salariés en rupture de contrat, c’est insupportable. Cela signifie une perte de revenus mais aussi moins de capacité de formation et de chances d’insertion dans un monde du travail déjà précaire".
Au niveau national, l'association des maires de France a publié une lettre ouverte à Muriel Pénicaud, comme une "alerte sur les difficultés inextricables liées à la diminution des contrats aidés". Sans commenter la pertinence du dispositif, mis en place sous cette forme en 2010 et beaucoup utilisé par François Hollande, l'AMF pointe l'impossibilité pour les mairies et petites structures de faire face aussi rapidement à une suppression de ces aides.
"Les besoins en personnel sont avérés, les organisations des services publics (restauration, activités périscolaires...) sont validées et pour autant les collectivités ne sont pas en mesure de transformer budgétairement, dans des délais aussi courts, ces contrats aidés en CDD", explique son vice-président délégué André Laignel.