Deux repreneurs pour Paris-Normandie, un seul soutenu par les salariés

Mobilisation ce mardi 9 juin des salariés et des syndicats du quotidien régional Paris-Normandie devant le tribunal de commerce de Rouen pour l'audience à huis-clos  des représentants de La Voix du Nord et d'IPM Group, candidats à la reprise du journal

 

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Victime de la crise économique du Coronavirus, le quotidien régional Paris-Normandie a été placé en redressement judiciaire pendant l'épisode de confinement. 

Le tribunal de commerce de Rouen avait enregistré le 22 mai 2020 (date limite pour déposer des dossiers de candidature) trois offres de reprises.

Puis un des candidats, "Health Initiative" (groupe de médias et d'édition spécialisé dans la presse médicale) a finalement abandonné quelques jours plus tard.

Ce sont donc les projets de deux repreneurs, celui du groupe Rossel et de celui de NP Holding-IPM Group, que le tribunal de commerce de Rouen devait examiner le mardi 9 juin.

 

Des licenciements à venir

Avant cette audience à huis-clos, les 229 salariés de Paris-Normandie, via leurs représentants et leurs syndicats, ont exprimé leur soutien à l'offre de reprise portée par la Voix du Nord, émanant du groupe belge Rossel, groupe ayant déjà repris ces dernières années les quotidiens régionaux l'Union de Reims et le Courrier Picard.

Les élus du CSE de Paris-Normandie ont même demandé l'avis d'un expert-comptable pour leur permettre d'affirmer que, même si 60 personnes seront licenciées quelle que soit l'offre retenue "La Voix du Nord assure un accompagnement largement plus important des salariés non repris".

L'expert mandaté  par les salariés estimant cette offre "plus structurée. (...) La Voix du Nord a montré une réelle envie, elle se donne les moyens de ses ambitions et les a mis sur la table. Economiquement, leur offre est plus pertinente et viable que celle d’IPM".

VIDEO : le reportage de Félix Bollez et Stéphane L'Hôte (montage : Stéphanie Pierson)

 

Manifestation contre un des repreneurs

Pour peser dans la décision des administrateurs du tribunal de commerce et exprimer leur rejet du projet porté par IPM, avec Jean-Louis Louvel (ancien propriétaire de Paris-Normandie) comme actionnaire minoritaire, les syndicats et les salariés étaient présents en nombre avec drapeaux et chasubles devant la porte du tribunal où les deux projets étaient présentés. 

Plus personne ne veut travailler avec lui ou pour lui : monsieur Louvel nous a mis dans le mur, s'est servi dans les caisses, n'a pas payé les œuvres sociales avant de déposer l'entreprise auprès du tribunal et il  revient maintenant par la petite porte !
Donc plus personne n'a confiance en monsieur Louvel...

Christophe Mulot, délégué syndical CGT de Paris-Normandie, le 9 juin 2020

 

Deux projets pour l'avenir de Paris-Normandie

Si la décision du tribunal ne sera finalement connue que le 15 juin, cette audience du 9 juin a permis d'approcher les représentants des deux groupes candidats à la reprise et d'en savoir un peu plus sur leurs projets concernant l'avenir du plus ancien quotidien régional de France.

• Groupe Rossel

Le représentant de Rossel fait valoir le fait que son groupe est un opérateur de la presse régionale française en France et que ses concurrents "ne le sont pas". Il ajoute que :

Paris-Normandie, après une période difficile, doit pouvoir s'adosser à un groupe dont c'est la spécialité et qui a une taille critique suffisante pour donner les moyens à cette entreprise de se développer sur le long terme.
Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe Rossel

VIDEO : Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe Rossel, présente les points forts de son offre.

 

• Groupe IPM

Venu de Belgique, le représentant de l'offre de reprise portée par "NP Holding-IPM Group" a dévoilé, expliquant qu'il y a "une très grosse transformation à faire" que son projet était fondé sur une transition vers le numérique du journal Paris-Normandie. Un choix pas toujours bien perçu par le personnel de Paris-Normandie car, ajoute François Le Hodey, PDG d'IPM Group, "C'est peut-être normal que tout le monde n'ait pas compris parce qu'il n'y a pas assez de culture du numérique dans la maison, et peut-être que c'est là où nous on pense qu'il faut aller plus vite, plus loin."

Selon ce PDG belge, face à la baisse inexorable des ventes de journaux "papier" il y a un marché en développement : celui des abonnements numériques. Citant l'exemple des chiffres de La Libre Belgique (un des titres de son groupe qui réalise 40% de ses ventes en diffusion payante sur le numérique) M. Le Hodey met en avant la compétence d'IPM dans ce domaine, "visant 70% des ventes numériques dans 5 ans".

Quant à l'imprimerie, il explique vouloir la conserver mais en la réorganisant pour la rendre plus efficiente et réduire les coûts "de manière qu'il n'y ait pas de surcoût d'imprimerie qui pèse sur le journal, car c'est de l'argent qui n'est pas utilisé pour les investissements technologiques"

Sur la situation actuelle de l'entreprise Paris-Normandie, et le rejet par ses salariés de l'offre de reprise du groupe qu'il représente, François Le Hodey est assez critique :

Jean-Louis Louvel ou pas Jean-Louvel ?  La question n'est pas celle-là. La question c'est comment l'équipe de direction mène la barque ?

"Je crois que tout le monde dans l'entreprise, doit se poser des questions. Je crois que c'est une erreur de penser que c'est Jean-Louis Louvel qui est la cause de tous les problèmes du journal. Je crois qu'il y a beaucoup de responsables dans cette entreprise qui doivent se poser des questions de savoir pourquoi l'entreprise en est là alors qu'ils la dirigent. C'est facile évidemment de critiquer quelqu'un qui est extérieur.  Cela permet de ne pas se poser les vraies questions, mais demain il va falloir se les poser."
 

VIDEO : François Le Hodey, PDG d'IPM Group, résume les points forts de son offre.


Pas la première fois…

Créé en 1762, le plus ancien quotidien régional de France a une longue histoire. Mais ces dernières décennies ont été marquées, dès le début des années 1970, par une succession de tourments économiques et de conflits sociaux.

VIDEO : le récit d'Angèle de Vecchi 

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