En Normandie, 30% des étudiants sont boursiers. A la rentrée 2023, le montant et le nombre de bénéficiaires de ce soutien financier vont augmenter. D'autres mesures contre la précarité étudiante sont prévues. Les jeunes souhaiteraient à présent que l'attribution ne se base plus sur la situation de leurs parents.
La traversée du Covid fut longue pour les étudiants. Privés de cours collectifs, de stages et de tout ce qui fait la saveur de la vie. Il y eut aussi la difficulté de décrocher des "jobs" étudiants. Puis l'inflation a succédé à la pandémie.
La réforme des bourses était une des premières demandes formulées au Conseil national de la refondation pour la jeunesse fin 2022.
Les annonces de la Ministre de l'Enseignement supérieur sont approuvées par plusieurs syndicats représentant les étudiants. Elles ont été faites le 29 mars, juste avant le début de la campagne de dépôts de demandes de bourses :
"Après des mois de mobilisation, les étudiant•e•s obtiennent enfin une avancée et forcent le gouvernement à sortir le chéquier !" (syndicat UNEF)
"Ces premières annonces sont une victoire pour la FAGE et pour les étudiants et étudiantes"
Une première vague de mesures pour la rentrée en septembre
- 35 000 étudiants supplémentaires obtiendront une bourse
Le ministère de l'Enseignement supérieur précise que ces jeunes issus des classes moyennes"n’auraient pas bénéficié de cet accompagnement si les paramètres demeuraient inchangés : concrètement, un enfant de deux employés au salaire moyen (1 801 € nets mensuels chacun) sera désormais éligible au premier échelon de bourse (appelé 0 bis)".
- 140 000 jeunes déjà boursiers vont gravir un échelon
Le ministère a calculé que "cela représente pour eux une augmentation de leur montant de bourse allant de 66€ par mois à 127€ mois. C’est plus de boursiers reclassés que lors de toutes les précédentes réformes."
- Une augmentation mensuelle pour chaque boursier
Il s'agit d'une hausse générale de 37 €/mois (sur 10 mois) "Cela correspond à une augmentation de 34 % pour le premier échelon et à une augmentation à hauteur de l’inflation pour l’échelon le plus élevé" explique le ministère.
- Pas de diminution des bourses à cause des "effets de seuil"
C'est un effet bien connu pour les impôts, quand on "saute une tranche" suite à une augmentation de revenus. Pour les boursiers, la hausse de revenus des parents se répercutera sans à-coup sur le montant de l'aide pour les études.
"Aucun étudiant ne verra sa bourse diminuer d’un montant supérieur à l’augmentation des revenus de ses parents : nous neutralisons dès cette année les effets de seuils, en attendant de les supprimer de manière pérenne."
- Le gel des loyers dans les CROUS et des tarifs de repas
Durant toute l'année universitaire 2023-2024, les loyers n'augmenteront pas dans les résidences CROUS.
Les repas à 1€ (tarification très sociale) et 3,30 € ne seront pas augmentés.
Ces mesures répondent en partie aux souhaits des organisations étudiantes qui vont poursuivre la concertation jusqu'en juin avec le ministère de l'Enseignement supérieur.
Nous demandons aussi que les bourses tiennent compte des prix des loyers selon les villes et de prendre en compte que tous les étudiants n'ont pas d'aides de leurs parents. Il y a des étudiants en rupture familiale ou que les parents ne peuvent pas aider
Justine Grémont, présidente de la FEDER ROUEN
"Cela représente un plein de course pour une semaine"
La Normandie compte 105.000 étudiants dont 39.000 étudiants boursiers, soit 30% ( la proportion est de 25% au niveau national).
Tao est l'un de ces étudiants. Il est en licence d'histoire et perçoit une bourse. Pour ce jeune homme, la revalorisation de 37 € par mois, cela représente "peut-être un plein de courses pour une semaine"
Il travaille aussi comme hôte d'accueil événementiel et maître d'hôtel pour un traiteur. Des journées avec une grande amplitude le week-end.
Concilier les études et ces emplois est devenu difficile. Tao envisage une réorientation avec un statut d'alternant. "Je me suis rendu compte que le travail était un besoin pour pouvoir vivre" dit-il.
Le jeune homme fait partie de ces étudiants boursiers qui ont perdu un de leurs parents et vivent aussi une rupture familiale. Ils doivent se prendre seuls en charge.