Le port de Rouen est devenu le grenier à blé de secours de l'Europe depuis la guerre en Ukraine. Premier port exportateur de céréales d'Europe de l'Ouest, il a été porté par le contexte international et a gagné de nouveaux marchés. Explications.
"Ce n'est pas une année record, mais c'est une très bonne année ! " : pour Ludovic Grabner, le directeur général délégué par intérim d'Haropa port de Rouen le bilan de l'année 2022 pour le port normand est très positif.
"Le port de Rouen est le premier exportateur de céréales en Europe de l'Ouest. En moyenne nous exportons 7,5 millions de tonnes de céréales par an. Cette année, nous devrions finir à 8,6 millions" détaille Ludovic Grabner. Ce million de plus qu'à l'accoutumée est une conséquence directe de la guerre en Ukraine.
Avec plus de 2 700 bateaux céréaliers chargés cette année, les ventes ont été exceptionnelles à Rouen, avec un démarrage record : 900 000 tonnes de céréales ( principalement du blé et de l'orge) chargées au mois de juillet et des volumes très importants tout au long du dernier semestre 2022.
Avec la guerre en Ukraine, le marché s'est recentré sur le port de Rouen
Avant la guerre, l’Ukraine et la Russie étaient "le grenier de l’Europe". Le marché mondial s'appuyait essentiellement sur ces deux pays qui exportaient à partir de la mer noire 56 millions de tonnes de céréales par an.
Du fait de la crise, les exportations ont été interrompues. Le marché mondial s'est mis en tension avec un prix du blé devenu très volatile. Les traders se sont donc précipités sur les céréales françaises et Rouen a récupéré de nouveaux clients dans le monde entier.
Habituellement, Rouen dessert plutôt le Maghreb, l'Afrique de l'Ouest et la Chine. Depuis la crise, on a vu apparaitre de nouvelles destinations, comme le Mexique, la Jordanie, Israël, l'Arabie Saoudite ou encore la Turquie.
Ludovic Grabner, le directeur général délégué par intérim d'Haropa port de Rouen
Rouen a aussi récupéré le marché de l'Algérie, perdu il y a quelques années.
Ca a été facile de répondre à ce besoin, car le port de Rouen possède les outils et le savoir-faire pour réagir à une telle situation : un chenal approfondi, l'expertise de ses opérateurs, et des terminaux modernisés.
Ludovic Grabner, directeur général délégué de Haropa Port de Rouen
Grâce à ces exportations, le port de Rouen a réalisé un chiffre d'affaires de 66 millions d'euros. Haropa compte aussi renforcer sa compétitivité en multipliant ses arrivées de marchandises par voie fluviale et ferroviaire.