Exposition « Tu m’as manqué » : le besoin de proximité en photos

Nous avons tous ressenti, lors des longs mois de confinement, le manque de nos proches. Dans son exposition à Sotteville-lès-Rouen, nommée « Tu m’as manqué », la photographe Marie-Hélène Labat a immortalisé les retrouvailles entre amies d’enfance, duo mère et fille, couple et famille de toutes générations. Plusieurs mois après, les effets du confinement sur nos relations sociales restent présents.

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Câlins, embrassades et marques de tendresse entre proches qui se retrouvent enfin après de longs mois de confinement. C’est le thème qu’a souhaité explorer la photographe Marie-Hélène Labat dans son exposition « Tu m’as manqué ». Voici un aperçu du quelques photos : 

La photographe a souhaité réaliser « des portraits assez simples, avec peu d’éléments techniques » afin de mettre en avant « le côté manque physique, charnel des uns avec les autres ». Je voulais des rires, des embrassades, sentir ce besoin que l’on a tous de l’autre » atteste Marie-Hélène Labat.

Extrait d'interview de la photographe Marie-Hélène Labat. ©Marion Chevalet et Guillaume Goslabes / France Télévisions

Au total, 26 Sottevillais ont posé devant son objectif. L’exposition présente des duos mère-fille, des amies d’enfance, un jeune couple ou encore des neveux avec leur tante. Toutes les générations sont représentées.

L’exposition est visible jusqu’au 30 novembre dans la bibliothèque municipale de Sotteville-lès-Rouen, dans le cadre du mois d’activités culturelles sur la transmission intergénérationnelle, intitulé « Trait d’Union ».

Chaque séance photo a commencé par une discussion conviviale avec la photographe et ses modèles afin que l'artiste puisse connaître « ce que chacun avait vécu lors de cette période angoissante ».

Reportage sur l'exposition "Tu m'as manqué" de Sotteville-lès-Rouen. ©Marion Chevalet et Guillaume Goslabes / France Télévisions

Plusieurs mois après, le sentiment d’insécurité sociale et affective ressenti lors des confinements persiste encore aujourd’hui. Il s’agit d’une réaction normale explique le neuropsychologue rouennais Alexis Boitout. « Cette fragilité restera tant que le Covid sera une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes ».

Pour le neuropsychologue, « le confinement a été un traumatisme dans nos vies car il a créé un sentiment d’insécurité sociale et a fragilisé nos liens affectifs alors même que nous pensions ces liens inamovibles ».

Le simple fait de toucher une personne est une marque de soutien palpable.

Alexis Boitout, neuropsychologue à Rouen

Selon Alexis Boitout, le contact physique fait partie intégrante de nos relations sociales car il manifeste l’attachement à une personne : « le toucher représente un acte social de réassurance de l’affection qui nous lie à la personne. Sans même parler des gestes amoureux, le simple fait de toucher une personne sur l’épaule par exemple, est une marque de soutien palpable qui prouve que l’on est là pour l’épauler ».  

Raymonde, plutôt tactile avec sa fille avec qui elle a posé pour l’exposition, a ressenti ce manque : « on se téléphonait mais ce n’est pas pareil, d’habitude nous sommes très câlins ».

En effet, Alexis Boitout indique que même si la visio-conférence et les appels téléphoniques sont rentrés dans nos habitudes, elles ne remplacent qu’à minima les interactions sociales. « Elles n’offrent pas la même qualité de relation car tout ce qui relève des échanges non-verbaux ou sur l’environnement ne peuvent être partagés ».

L’écran nous rappelle inconsciemment que l’on ne peut pas se voir.

Alexis Boitout, neuropsychologue à Rouen

Il ajoute aussi que « l’écran ne remplace pas la proximité physique et nous sommes moins investis dans la conversation. Pire encore, l’écran nous rappelle inconsciemment que l’on ne peut pas se voir ».      

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