Le tracé du relais de la flamme olympique a été dévoilé ce vendredi 23 juin 2023. Ce parcours enflammé marquera le début des JO de Paris 2024. En 1991, pour les JO d’Albertville 92, la flamme était passée également par la Normandie
Il faisait froid, c’était en plein mois de décembre et pourtant en 1991, le public normand était présent pour voir la flamme olympique dans leur région. Chaque commune voulait recevoir le graal mais il a fallu faire des choix.
Cette sélection d’étapes a été faite par Patrick Martel, à l’époque directeur de la communication à la Poste. Son entreprise était partenaire et, accompagné de plusieurs collaborateurs, il était en charge de la coordination du parcours de la flamme olympique en Seine-Maritime.
Dans nombre de communes, il y avait plus de spectateurs que d’habitants
Chaque commune d’accueil organisait des manifestations :
On a connu des feux d’artifice à 6 heures du matin, des haies d’honneurs. Certains voulaient toucher le porteur, d’autres voulaient courir à ses côtés. On avait été obligés de prendre des mesures de protection de la flamme. Il faut savoir qu’elle voyageait comme un chef d’État, elle est escortée par un CRS de sécurité.
Patrick Martel, organisateur du parcours de la flamme olympique en 1991
"Il y a un gardien du flambeau pour éviter qu’elle ne s’éteigne. Sur l’ensemble du parcours, la flamme originelle qui venait d’Olympie en Grève ne s’est jamais éteinte".
Plus de 30 ans après, il se souvient encore ému de ces moments de liesse populaire : « 30 ans après, c’est encore un peu chaud dans nos mémoires ».
Traversée de la Seine-Maritime en 3 jours
C’est en Seine-Maritime que la plus longue étape de l’ensemble du parcours de la flamme olympique en France (5560 kilomètres en totalité) a eu lieu : "la distance entre Rouen et Le Havre (environ 80 kilomètres) s’est transformée en 162 kilomètres car nous avions l’obligation au départ du Havre de faire un détour par Fécamp. C’était la ville de la ministre de la jeunesse et des Sports qui était également maire Frédérique Bredin. Nous avons également dû faire un détour par Mirville où se trouvait la demeure de jeunesse du baron Pierre de Coubertin. Toutes les personnalités s’étaient retrouvées à Mirville et ça a été la grande fête de l’olympisme" se souvient Patrick Martel.
Pour chaque étape, il y avait des impératifs : la flamme ne pouvait pas circuler la nuit et la vitesse de parcours imposée est de 10 km/heure. Une prouesse réalisée par les gendarmes mobiles qui escortaient la flamme à moto tout le long de son parcours. Chaque relayeur portait le flambeau pendant 1 kilomètre.
270 jeunes Normands ont porté la flamme
Parmi ses meilleurs souvenirs, Patrick Martel évoque le recrutement des relayeurs : "pour la distance des 270 kilomètres, il a fallu en recruter 270. Le COJO (comité d'organisation des Jeux Olympiques) voulait mettre en valeur les jeunes et ils étaient tous âgés entre 15 et 20 ans. Nous avions eu des milliers de candidatures. Ça s’est fait par tirage au sort. Puis les jeunes étaient accompagnés par des escorteurs des postiers volontaires."
La flamme a été prise sur le pont de Tancarville en provenance de l’Eure le 27 décembre en milieu d’après-midi pour rejoindre Le Havre : « au moment de la passation, le jeune part dans la mauvaise direction, un motard est allé le rechercher et l’a remis dans le bon sens et nous avons recommencé le départ. On s’était dit : ça commence bien »
Parmi les autres anecdotes de cette aventure, on apprend que lors du passage à Buchy, le prêtre avait décalé l’heure de la messe pour que tous les paroissiens (et lui-même) puissent profiter du spectacle.
"Ça a été une œuvre collective, un moment de partage énorme pour tous les organisateurs" conclut l’intarissable septuagénaire.
Le 29 décembre 1991, la flamme quittait Rouen en direction de la Somme.