Le football est "aussi universel que la religion" selon l'archevêque de Rouen

Le football, avec ses émotions et ses parties enflammées partout dans le monde, est "aussi universel que la religion", estime Mgr Dominique Lebrun, l'archevêque de Rouen qui fut dans sa jeunesse arbitre officiel de la Fédération française de football. 

"J'ai beaucoup aimé être arbitre. L'arbitre est apparemment un homme seul, un peu comme le prêtre et l'évêque. Sa raison d'être, ce sont les équipes, les autres, comme pour le prêtre ou l'évêque: sa vie n'a pas de sens sans la communauté, sans les habitants de sa paroisse, sans les équipes", dit-il à l'AFP, n'oubliant pas aussi que "les deux peuvent se tromper, avec des conséquences".

Question : On dit parfois que le football est devenu une "nouvelle religion". En tant qu'homme d'Eglise, quelles similitudes voyez-vous entre ce sport et la religion?

Réponse : "Le football est un jeu, même quand il est pratiqué par des professionnels. C'est pourquoi il touche en nous des fibres profondes, pas très loin de ce que le croyant peut ressentir: joie intense, forte attente ou déception, aventure, dépassement de soi, retournement de situation inespérée, destin tragique. Un jeu est un plus par rapport aux activités nécessaires à la vie humaine: manger, travailler, dormir. La religion et le football convergent pour donner du "plus" à la vie humaine".
"Le football est le sport le plus sobre: il se joue avec presque rien, un bout de terrain, un ballon, quatre poteaux et deux barres. Il présente un caractère universel, aussi universel que la religion où les pauvres et les riches sont à
égalité. Il semble même que les pauvres se révèlent meilleurs. C'est en tous les cas indéniable pour la religion chrétienne: Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de cieux', dit Jésus (Mt 19, 24)."

Q: On imagine toutefois que vous ne mettez pas les deux sur le même plan?
R: "Le sport peut être une porte vers la transcendance mais cela n'a rien à voir avec la relation à Dieu qu'est la religion, en particulier chrétienne. Le sport peut nous enfermer sur nous-mêmes, sur nos propres sensations, sur le spectacle.
Un stade est un univers clos. Ce n'est pas une église nécessairement ouverte où l'on entre sans ticket et où l'essentiel est ce qui se passe dans l'âme et non dans le corps."

Q : Quel regard portez-vous sur les dérives associées au football ? 
R: "Il m'est arrivé d'être écoeuré à cause de la violence ou à cause des sommes d'argent astronomiques qui sont en jeu sur la tête d'une personne. A ce moment-là, je me détournerais volontiers. Mais, à chaque fois, je me demande si je suis moi-même "pur" de toute compromission. Le chrétien que j'essaie d'être sait qu'il ne l'est pas. Il n'est pas au-dessus. Je crois que le Fils de Dieu est venu se mêler à l'humanité pleine de péchés et de dérives. La bonne question est: sommes-nous assez courageux pour dénoncer les dérives ? Les spectateurs ont bien sûr leur part de responsabilité.
"Les dérives du football n'empêchent pas les beaux gestes et la conjugaison heureuse d'incroyables efforts. Comment ne pas se réjouir que des Russes et des Saoudiens, que des Iraniens et des Marocains jouent ensemble, même si derrière il y a des choses moins belles ?"
"Surtout, il ne faut pas oublier les centaines de millions d'enfants, de jeunes ou d'adultes qui se rapprochent par le sport. Ce n'est pas la paix, mais c'est un chemin qui y mène."
(Propos recueillis par Camille MALPLAT) 

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