La ville de Rouen lance un plan de rénovation de plus de 20 millions d'euros pour l'église abbatiale Saint-Ouen et prépare la réouverture au public avant la fin de l'été 2021.
Autrefois deuxième ville du royaume de France (au 17e siècle), Rouen était une ville riche qui comptait nombre d'églises. D'où la description de "ville aux cent clochers " faite par Victor Hugo.
Après les destructions et reconversions de la Révolution et de la seconde guerre mondiale, il ne reste aujourd'hui qu'une quarantaine de clochers.
Si la cathédrale est la propriété de l'Etat, les églises, comme dans les autres communes de France, sont à la charge de la ville de Rouen. Elles sont si nombreuses, que certaines, désacralisées et ne servant plus au culte, ont été mises en vente et ont trouvé preneurs (sauf l'église St Paul) pour d'originaux projets civils.
Saint-Ouen, la monumentale
C'est la plus grande église de Rouen. Si grande, qu'il est fréquent que des touristes pensent qu'il s'agit d'une cathédrale, voire de la cathédrale de Rouen. Plus longue que Notre-Dame de Paris, Saint-Ouen est un édifice impressionnant et un des joyaux du patrimoine historique de la capitale de la Normandie. Elle est l'église d'une des plus puissantes abbayes normandes, d'où son nom d'abbatiale.
De l'abbaye, envahie à la Révolution, il ne subsiste qu'une toute petite partie du cloître. Le bâtiment mitoyen de l'église, où habitaient les moines, est, comme pour l'abbaye de Fécamp, devenu le siège de l'hôtel de ville.
En mauvais état
En 2020, l'église Saint-Ouen a été fermée au public par mesure de sécurité. La charpente, conçue comme celle de Notre-Dame de Paris avec une construction de type "forêt", présentait "des parties en mauvais état avec des pièces qui menaçaient de chuter et qui mettent la stabilité des voûtes en cause" a expliqué l'architecte des monuments historiques à Bérangère Dunglas, notre journaliste présente sur place le 27 avril lors d'une visite de chantier.
Danger aussi à l'extérieur de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen, avec des risques de chutes de pierres sur les passants :
Il était urgent aussi, en matière de pierres, sur le portail des Marmousets, le bras de transept sud, qui est en mauvais état. Il y avait des herbes et des plantes qui poussaient et il était urgent de pouvoir y accéder pour nettoyer et stabiliser"
Trois ans de travaux
C'est un vaste chantier de sécurisation et de rénovation qui a débuté en avril 2021 et dont la fin est prévue en 2024 avec le nettoyage, la mise en valeur et la réouverture du portail ouest avec ses dizaines de statues, la grande entrée de l'église située côté place de l'hôtel de ville (en haut de la rue de la République) fermée depuis des années.
Le coût de ce plan de rénovation est estimé à plus de 20 millions d'euros. La ville de Rouen a reçu pour cela le concours de l'Etat, de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de la métropole, du département de la Seine-Maritime et du conseil régional de Normandie.
"Toutes les collectivités y mettent beaucoup d'argent, il faut aussi que les habitants puissent s'en rendre compte et venir voir. C'est pourquoi il y aura le long de l'abbatiale, des loges avec les différents métiers qui concourent à la restauration de l'édifice."
Prévus en plusieurs phases, ces importants travaux permettront cependant une réouverture au public de la nef avant la fin de l'été 2021.