Ce jeudi 24 septembre, Gérald Darmanin et Barbara Pompili, ont annoncé une série de mesures pour mieux contrôler les sites industriels classés Seveso et améliorer le système d’alerte de la population. Les associations de sinistrés et les élus locaux attendent davantage.
Un an après la catastrophe de Lubrizol, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, et Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, en déplacement à Rouen, ont tenu une conférence de presse ce jeudi 24 septembre.
L'objectif : détailler les mesures mises en place depuis un an pour "mieux prévenir les risques d’incendie, améliorer l’alerte des populations en cas d’accident et garantir la transparence du contrôle des sites industriels".
Une conférence de presse suivie d'un échange avec les élus locaux mais aussi les associations représentant les victimes de Lubrizol.
Pas assez loin, pas assez vite
Parmi les associations, celle des sinistrés de Lubrizol présidée par Simon de Carvalho. Pour lui, il faut avant tout que les pouvoirs publics prennent la mesure de cette catastrophe. Son association a rédigé un courrier remis ce jeudi aux ministres.Simon de Carvalho regrette qu'après l'incendie de Lubrizol, "l'industriel ne joue pas le jeu. Il reste opaque et ne transmet pas les informations qui ne sont pas dans son intérêt".
Nous nous battons bénévolement pour que la vérité éclate. Nous sommes tout seuls. A Rouen, ça a déjà pété. On ne souhaite pas que d'autres en France vivent ce que nous avons vécu parce que c'est traumatisant.
Pour Simon de Carvalho, les mesures annoncées ce jeudi ne vont pas prendre effet immédiatement. Au-delà des engagements, beaucoup de questions restent en suspens. Ecoutez sa réaction recueillie par Viviane Dauphoud-Eddos (montage : Alban Vian).
Tout comme l'association des sinistrés de Lubrizol, Rouen respire, présideé par Pierre-Emmanuel Brunet, se dit satisfait d'avoir pu échanger avec les ministres concernés et le préfet de Région. Mais pour lui, s'il y a des avancées dans les mesures gouvernementales annoncées, de nombreux manques se font encore ressentir.
Un an après, Pierre-Emmanuel Brunet souffre toujours de gênes respiratoires et de démangeaisons lorsque les odeurs de Lubrizol se dégagent du site industriel. Il réclame un suivi sanitaire de grande ampleur et sur le long terme.
Plus de transparence pour regagner la confiance de la population
Durant le temps d'échange avec les ministres de l'Intérieur et de la Transition écologique, les élus locaux, maires et députés, étaient également conviés à faire part de leurs doléances.Parmi eux, Charlotte Goujon, maire du Petit-Quevilly. Pour elle, les annonces vont dans le bon sens, notamment concernant les contrôles des sites industriels et le système d'alerte aux populations. Mais l'édile reste prudente.
L'intensification des contrôles des sites classés et des entreprises situées dans un périmètre de 100m autour des sites Seveso est une avancée. Pour atteindre l'objectif d'une augmentation de 50%, 50 personnes supplémentaires doivent être recrutées à l'échelle du territoire national. Je crains que cela ne soit pas suffisant mais laissons leur le bénéfice du doute.
Surtout, l'élue locale souhaiterait la mise en place d'une autorité indépendante pour les sites industriels classés Seveso, à l'image de ce qui existe dans le domaine nucléaire.
De son côté, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, estime que les annonces gouvernementales sont intéressantes mais arrivent tard. Il attend surtout des actes concrets et rappelle que de nombreux points restent encore sans réponse.
De son côté, le député PCF Hubert Wulfranc a estimé que "95% des mesures" présentées ce jeudi "figuraient déjà" dans le plan Borne sur les risques industriels annoncé en février 2020.
Le 26 septembre 2019, au Petit-Quevilly (76), près de 10 000 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée sur le site de Lubrizol, classé Seveso, et celui de son voisin Normandie Logistique, non classé Seveso.