Alors que les résultats d'analyses de dépôts de suie et de pollution sont encore méconnus, riverains, agriculteurs, associations, détenus de la maison d'arrêt de Rouen ont décidé de saisir la justice. Les avocats rouennais se mobilisent pour répondre à la forte demande.
Les plaintes se multiplient
Depuis l’incendie de l’usine chimique Lubrizol dans l’agglomération rouennaise, le cabinet d'avocats de Me Jonas Haddad et de Me Grégoire Leclerc confirme qu'une quarantaine de personnes a d'ores et déjà porter plainte contre X. Certains riverains ont expliqué avoir été victimes de malaises, de nausées au lendemain de l'incident. Pris de vertiges, un homme s'est même ouvert la tête en chutant.Les plaignants sont des particuliers, des agriculteurs mais aussi des restaurateurs. Leurs avocats estiment qu'ils auront a géré une centaine de dossiers "Lubrizol" d'ici la fin de la semaine.
Me Haddad a confirmé que le parquet de Rouen avait décidé d’élargir l’enquête judiciaire pour "mise en danger d'autrui" et "préjudice financier".
L'avocat précise que ces plaintes permettent aux victimes d'avoir accés aux informations de l'enquête mais aussi de "se couvrir" si des problèmes de santé se déclareraient dans les années à venir.
Il conseille aux personnes qui envisagent de déposer plainte de récolter un maximum de preuve du préjudice subit : dépôt de suie, photos etc.
Une permanence des avocats rouennais
Le bâtonnier de Rouen Me Guillaume Bestaux a indiqué mardi à l'AFP que les avocats de la ville allaient mettre en place "des consultations gratuites spécifiques pour la problématique de l'incendie" de l'usine chimique Lubrizol.
Les avocats de Rouen sont aussi des citoyens et à ce titre ils sont inquiets, Me Guillaume Bestaux, bâtonnier du barreau de Rouen.
A l'issue d'une réunion qui a rassemblé une centaine d'avocats lundi, il a été décidé de créer "un groupe de travail pour regrouper toutes les informations pour pouvoir répondre aux demandes de nos clients", a-t-il annoncé. Selon Me Bestaux, "une quinzaine d'avocats y participent et ils devraient bientôt être le double. Et nous allons mettre en place des consultations gratuites spécifiques pour la problématique de l'incendie" qui a ravagé un entrepôt de l'usine Seveso jeudi dernier et provoqué un immense panache de fumée.
Elles auront lieu le jeudi 3, vendredi 4, lundi 7 et mercredi 9 octobre de 8h30 à 13h à la Maison de l'Avocat, 6 allée Eugène Delacroix à Rouen.
Les agriculteurs soutenus par la FNSEA
Contacté ce matin par téléphone, Arnold Puech d'Alissac, président de la FNSEA Normandie a confirmé le dépôt de plainte de quatre agriculteurs.La présidente du syndicat, Christiane Lambert s'entretiendra cet après-midi avec un avocat pour évoquer les détails de cette démarche.
« + de 500 fermes ont été touchées par l’incendie de #Lubrizol. Les #agriculteurs comptent parmi les victimes de cette pollution et ne peuvent supporter financièrement les pertes générées. Ns demandons une indemnisation pr l’ens des dommages subis » @ChLambert_FNSEA @franceinfo pic.twitter.com/8irb6cgs3G
— La FNSEA (@FNSEA) October 1, 2019
Le syndicat FNSEA et d’autres organisations agricoles comme les Jeunes Agriculteurs ou le Groupement de Défense Sanitaire se portent partie civile pour accompagner, conseiller les exploitants agricoles et accéder au dossier.
Certains producteurs de cidre n'ont plus de commandes de clients. Les procédures de remboursement des pertes vont être longs. Stéphane Donckele, secrétaire général de la FNSEA 76
Selon le syndicat, 1200 exploitations agricoles de Seine-Maritime sont touchées par la pollution.
Pour le moment 289 producteurs de lait sont soumis à la consignation, des centaines de milliers de litres de lait seront jetés à la poubelle. Une dizaine de producteurs d’œufs et une dizaine de maraîchers ont interdiction de commercialiser leurs produits. Le recensement est toujours en cours.Dans quelques mois, le Fonds national de Mutualisation Sanitaire et Environnemental commencera à indemniser partiellement les agriculteurs dont les situations financières sont les plus urgentes.
Plusieurs recours déposés
L'association Respire et 99 citoyens de l'agglomération rouennaise ont engagé lundi soir un référé-constat auprès du tribunal administratif de Rouen pour obtenir la nomination d'un expert afin de constituer les éléments du dossier de manière contradictoire", a expliqué à l'AFP Me Corinne Lepage.#ROUEN : L’association Respire dépose un recours en référé devant le tribunal administratif… https://t.co/HBek6cN0UC
— Respire Association (@respireasso) September 30, 2019
L’association va également organiser avec la population une campagne de prélèvements citoyens, qui seront faits en présence d’huissiers, afin de fournir des analyses complémentaires à partir des suies, galettes et autres résidus identifiés par les habitants.
Un autre référé-constat, déposé par Me Julia Massardier au nom de deux détenus de la maison d'arrêt de Rouen, demande des relevés dans l'établissement, faisant valoir qu'aucune protection n'a été prise.
Côté police, Yan Bertrand, secrétaire du syndicat SGP police Seine-Maritime, a indiqué avoir "saisi par courrier le préfet pour l'organisation d'un CHSCT extraordinaire".
"Nous voulons savoir si toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité des fonctionnaires qui sont intervenus au moment du sinistre".