Un collectif d'artistes a pensé une traversée de la France autour d'un objet du quotidien indispensable. Un lit roulant qui interpelle, amuse et questionne le public. Nous les avons rencontrés lors de leur représentation à Rouen (Seine-Maritime).

C’est une histoire à dormir debout ! Au cours de vos vacances, vous avez peut-être croisé Laetitia et son lit. Au même moment où la flamme olympique parcourait le pays, cette artiste a traversé la France en poussant cet équipement à la recherche des réactions du public. Le week-end dernier, nous avons pu la rencontrer à Rouen où, malgré la chaleur, elle s’est baladée dans les rues de la capitale normande avec son lit de 70 kilos.

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"Je marche, je pousse mon lit entre Marseille et le Havre. Deux villes-mondes. L’une au Sud, l’autre au Nord. L’une tournée vers la Méditerranée, l’autre vers l’Atlantique. Deux ports qui innervent le monde. Une diagonale qui traverse 17 départements, 6 régions, et longe 3 fleuves : le Rhône, la Loire, la Seine. Un grand écart. Un bord à bord de 1637 km. Cap Nord-Nord-Ouest, avec le bleu comme ligne de fond." ©France 3 Normandie

 

"On a besoin de se parler"

Chaque jour, elle parcourt entre 12 et 25 kilomètres, à la recherche de ce qu'elle appelle les bruits du monde : des réactions, des échanges, des rires, qui viennent résonner entre eux. Ils alimentent ses écrits et ses performances artistiques qui questionnent notre rapport à l'autre.

"Ce lit vient apporter cet endroit de décalage, l’étincelle de la rencontre, il vient activer l’espace et il y a diverses réactions. Pour moi, cet espace, c’est vraiment comment on se met en mouvement ensemble. Il y a cette idée-là ! On a besoin de se parler en ce moment" explique Laëticia Madancos, artiste de la compagnie "L'entaille".

 

Ce projet, ce n'est pas seulement celui de Laëtitia. Scénographe, musicien, photographe, vidéaste, productrice, communicant : au total, 13 personnes participent ponctuellement à ce projet, réfléchi depuis déjà deux ans. 

"C’est un grand format qui est aussi un petit format. Le grand format c’est cette traversée, c’est quatre mois et demi et en même temps c’est Laetitia seule qui pousse ce lit mais il y a quelqu’un pour construire ce lit, pour penser la scénographie qui viennent la rejoindre pendant les arrêts de trois jours" détaille Nath Bruère, directrice de production et d'administration.

Artistes et public rassemblés pour une nuit partagée

Installée sur la place du vieux marché, la scène attire les curieux, enjoués par cette initiative. 

"À l’heure actuelle, la société veut nous mettre les uns contre les autres alors que non, on peut débattre avec une personne. Si on n’est pas d’accord, il faut qu’il y ait un respect. Et avec ce projet-là, c’est ça qu’elle emmène" constate un spectateur.

 

Samedi soir, une cinquantaine de personnes a participé à une nuit partagée au 108 sur la rive gauche. Un temps de rencontre, de lecture groupée et peut être même de sommeil. Rouen est la dernière étape avant que Laëtitia n'entame les ultimes kilomètres de son périple vers le Havre. Son arrivée est prévue le 25 aout dans la cité Océane.

 

 

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