Dans l’émission de radio « Pascal Praud et vous » sur Europe 1, jeudi 23 novembre 2023, une parent d’élève estime que le lycée Jeanne-d’Arc à Rouen est « un temple de l’islamisme et du wokisme ». De son côté, la préfecture et le rectorat de l’Académie de Normandie condamnent fermement ces propos.
Jeudi 23 novembre 2023, dans l’émission de radio « Pascal Praud et vous » sur Europe 1, une mère dénonce le lycée Jeanne-d’Arc à Rouen et l'accuse d'être « un temple de l’islamisme et du wokisme ».
Le témoignage de cette mère d’un élève du lycée Jeanne-d’Arc fait suite à l’agression de Nathan, 18 ans, de confession juive. Un homme l’a agressé il y a une dizaine de jours dans le centre-ville de Rouen et traité de « sale juif » avant d’ajouter « la Shoah n'a pas été assez efficace, vous n'avez pas tous été exterminés ».
Une parent d'élève pointe du doigt la direction du lycée
Sur Europe 1, Nathan avait notamment expliqué qu’aller au lycée devenait compliqué : « Je reçois des messages Free Palestine, On m'a mis des autocollants Free Palestine dans le dos ».
Une autre mère de famille, en direct dans l'émission : « tout de suite je me suis dit que c’était le lycée Jeanne-d’Arc de Rouen qui est le temple de l’islamisme et du wokisme ».
Dans l’interview, elle poursuit en racontant que « son fils aurait vu des jeunes filles voilées à l’intérieur du lycée » et qu’en cours d’histoire, « des jeunes ont appelé à la manifestation pour la Palestine et qu’une jeune fille a conclu la conversation en disant je suis antisémite ».
Elle pointe aussi du doigt la direction du lycée. Selon elle, « pour la minute de silence de Samuel Paty, la proviseure n’a pas dit un mot ».
La préfecture et l’académie de Rouen condamnent ces propos
Dans un communiqué, jeudi 23 novembre 2023, dans la soirée, le préfet de la Seine-Maritime et la rectrice de l’académie de Normandie condamnent fermement les propos tenus pendant l’émission de radio.
Ils apportent « leur plein soutien à aux équipes pédagogiques et de direction très engagées dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, et pour la mémoire de la Shoah et le respect des valeurs de la République ».
Le communiqué ajoute également que ces accusations ne concordent pas avec les actions menées par le lycée Jeanne d’Arc. Selon le texte, l’établissement « se distingue régulièrement dans le cadre du concours national et régional de la Résistance et de la Déportation, ou encore par l’organisation annuelle de voyages d’études des élèves au camp de concentration de Mauthausen ».
Derrière ces propos, "l’extrême droite" selon le SNES-FSU
Contactée, Claire-Marie Feret, co-secrétaire académique du syndicat SNES-FSU Normandie, explique que ces propos « illustrent la place que prend le collectif réactionnaire Parents vigilants et des pressions et menacent qu’ils font subir à des personnels d’établissements scolaires ».
Ce collectif, créé par le parti Reconquête d’Éric Zemmour, regroupe des parents d’élèves. Il y a quelques jours, des organisations syndicales avaient déjà alerté le ministre de l’Éducation sur l’existence de ce collectif via un communiqué de presse.
Dedans, ils expliquent les modes d’actions de Parents vigilants : « leur propagande repose sur des témoignages qui, sortis totalement dans tout contexte, tentent de montrer que notre système éducatif ne remplit pas ses missions et repose sur la dénonciation ».
La co-secrétaire académique n’exerce pas au sein du lycée Jeanne-d’arc mais « condamne ces accusations diffamatoires et les pressions exercées sur le personnel des établissements ». « Je ne peux pas cautionner qu’une mère prétend qu’une fille est entrée au sein de l’établissement voilée. La loi est très claire là-dessus » conclut-elle.