Le 18 décembre est la journée internationale des migrants. A Rouen, une manifestation a rassemblé une centaine de personnes. Nous avons aussi rencontré Marie-Louise qui se bat depuis l'enfance pour trouver sa place. Elle a pris le temps de nous confier des bribes de son parcours de vie.
L'organisation des Nations Unies (ONU) a décrété le 18 décembre "Journée internationale des migrants" pour alerter l'opinion sur la situation des millions de personnes poussées chaque année à quitter leurs pays, à s'exiler, pour trouver asile ailleurs. Les migrations de populations sont aujourd'hui une réalité économique, sociale et environnementale incontournable, qu'il s'agit de comprendre avant de la juger. Cette journée a donc pour vocation première d'éclairer les consciences.
L'ONU rappellent les nombreuses raisons qui amènent ces personnes à se déplacer. Les migrants quittent leur pays "pour étudier à l’étranger, rejoindre des membres de la famille, chercher un emploi ou des moyens de subsistance, ou assurer un meilleur avenir à leurs enfants. D’autres quittent leur pays pour fuir la criminalité, la violence, les conflits, la persécution, l’insécurité, la discrimination, les catastrophes naturelles et la dégradation de l’environnement, ou encore la pauvreté".
Rappeler tous ces motifs de migration, c'est aussi rappeler qu'on ne quitte pas son pays par plaisir, mais par nécessité.
Marie-Louise
Marie-Louise est congolaise, elle est agée d'une trentaine d'années, et est arrivée en France il y a quatre ans avec ses enfants.
"Mon histoire c'est une longue histoire...Je suis orpheline de père et mère. J'avais 9 ans quand ma mère est décédée. Je suis restée avec ma tante, j'étais sa bonne et je n'allais pas à l'école. Mon oncle me frappait. J'en ai eu assez et je suis partie. Quand tu vis à la rue, tu es exposée à tous les dangers. Je ne refusais aucun travail, je proposais mes services pour le ménage ou laver le linge." Marie-Louise se retrouve dans des situations très difficiles pour subsister. Puis rencontre un homme avec qui elle s'installe. Ils auront deux enfants. Mais Marie-Louise rappelle aussi la difficile condition des femmes dans son pays d'origine. "En Afrique quand un homme te dit fais ça, tu le fais. tu n'as pas le droit de refuser. Je n'ai pas grandi à côté de ma famille, c'est comme s'il était ma seule famille. Il dit d'aller à droite ou à gauche, j'y vais. Je ne connaissais personne d'autre." Un jour son mari part travailler, et la jeune femme se fait agresser avec ses enfants et doit fuir son village. S'en suivent des mois d'errance et de galères entre la République Démocratique du Congo et l'Angola, pendant lesquels la jeune femme survit avec ses enfants grâce à des petits boulots. Marie-Louise trouve ensuite une place de femme de ménage dans une famille portugaise en Angola, et se pose un peu pour scolariser ses enfants. "Moi je ne suis pas allée à l'école, et ça m'a manqué. Je n'avais pas l'amour, mais ça c'est ma vie, et je ne voulais pas laisser mes enfants se noyer comme moi. Je veux soulever ma descendance."
Marie-louise tombe très malade, mais n'a pas les moyens de se faire soigner. Un pasteur va l'aider et la faire hospitaliser. Mais son histoire cahotique la rattrappe et la voilà de nouveau aux prises avec ses agresseurs. Le pasteur l'aidera à quitter l'Angola, et la jeune femme se retrouve au Portugal, avant d'être emmenée en France. Dans son périple, elle se fait subtiliser ses papiers. Epuisée et malade, elle se retrouve à Rouen, devant les locaux de France terre d'Asile, où l'association la prend en charge.
Son histoire est mouvementée, difficile et ressemble à un très mauvais film. Alors la jeune femme doit se battre pour se faire entendre, et souvent elle n'est pas crue. Marie-Louise obtiendra finalement des papiers provisoires, et trouvera rapidement un travail de femme de chambre dans un hôtel. "Je ne parlais pas français comme aujourd'hui, j'ai dû prendre des cours. On m'a aussi proposé de faire une formation, j'ai dit oui, je veux faire quelque chose dans ma vie, je veux être auxilliaire de vie. J'ai aussi commencé à faire du bénévolat, et j'ai aidé les migrants parceque je parle 12 langues en Afrique. J'ai été bénévole au Secours Populaire et dans trois autres associations, et aussi au bureau des avocats comme interprète. J'avais envie de le faire.J'ai aussi travaillé dans une maison de retraite".
Rester en france
"J'aimerais rester en France, parce qu'ici j'ai une protection. c'est ici que je veux construire ma maison, ma famille. je ne veux pas que mes enfants passent par là où je suis passée. Tous les parents veulent protéger leurs enfants".
En mars dernier, Marie-Louise a reçu une OQTF (Obligation à Quitter le Territoire Français) car la jeune femme est de nouveau sans papier.
"Ca me fait peur car là je suis par terre, je n'ai plus mes ailes. J'ai du mal à cacher mes larmes, je ne sais pas comment je vais passer les fêtes avec mes enfants".