Le 5 février 2024 avait lieu la Journée nationale de prévention du suicide. Ce vendredi, aussi, des actions sont organisées par l'UNPS (Union nationale de la prévention du suicide) et des associations affiliées. Zoom sur la plateforme d'écoute du 3114., lancée en 2021.
Sébastien est un écoutant. Infirmier de formation, il travaille à la cellule d'écoute du 3114. Au bout de la ligne, ce jour-là, une trentenaire du Calvados, déjà suivie pour une dépression. Cette dernière avoue s'être scarifiée, particulièrement anxieuse suite au décès de son père.
Sébastien parvient à lui obtenir un rendez-vous dans la journée aux urgences psychiatriques de Caen. "Il y a eu un passage à l'acte, le rendez-vous au CMP est en fin de semaine, les cauchemars sont récurrents et le sommeil n'est pas efficace", relève-t-il.
"Je pense que c'était nécessaire qu'elle puisse voir un médecin aujourd'hui pour canaliser les choses, voir s'il y a besoin de modifier le traitement ou pas, voir s'il y a besoin d'une hospitalisation ou pas. Ce sera le psychiatre qui le décidera."
"On ne juge pas, on est là pour les écouter"
En Normandie, c'est au CHU de Rouen qu'officient les quatre écoutants de la cellule d'écoute 3114. Ils reçoivent entre 25 et 30 appels par jour et fonctionnent en binôme.
Tandis que l'un prend l'appel, l'autre le retranscrit, pour assurer une prise en charge optimale de toutes les personnes ayant des envies suicidaires.
La chance que j’ai eue, c'est d'avoir travaillé aux urgences psychiatriques pendant un certain temps, ça m'a permis d'avoir des bases. On a également une formation avant d'arriver dans ce service. Elle est obligatoire et vraiment nécessaire.
Laurent, écoutantà France 3 Normandie
Les infirmiers doivent d'abord déterminer le stade de dépression de la personne au bout du fil, voir si cette dernière est susceptible de passer à l'acte. Tout l'enjeu est d'encourager la désescalade. Une étape pour laquelle une formation est obligatoire.
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"Des personnes ont cette difficulté, ce tabou d'en parler aux autres. En parlant à une personne qui ne les connaît pas, qui ne les voit pas, ils ne se sentent pas jugés", estime Sébastien. "De toute manière, on ne juge pas, on est là pour les écouter, les aider, les soutenir. Le fait d'en parler fait diminuer les angoisses, et on essaie de les amener aux soins."
Une cellule d'écoute efficace
Ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, gratuite, confidentielle et bienveillante, la cellule d'écoute du 3114 n'est pas réservée aux personnes ayant des idées noires. "Elle est aussi disponible pour tous les proches inquiets pour quelqu'un de leur entourage et qui ont besoin de soutien ou de conseils, et c'est aussi une ligne pour les personnes endeuillées par un suicide", souligne le Dr Claire Georgin, psychiatre au CHU de Rouen.
🗓Aujourd’hui, c'est la journée nationale de prévention du #suicide.
— Ministère de la Santé et de la Prévention (@Sante_Gouv) February 5, 2024
Si vous ou un proche est en souffrance, n'hésitez pas à demander de l’aide en composant le 3114. Il est :
👉gratuit
👉confidentiel
👉accessible 7j/7 et 24h/24, partout en France
📲 : https://t.co/tZWLlLMIfj pic.twitter.com/C8NoLUkcQn
Le taux de suicide en France est l’un des plus élevés des pays européens. Il s’agit également de la deuxième cause de mortalité chez les 10-25 ans après les accidents de la route. En outre, la Normandie est la quatrième région la plus impactée, avec un taux de suicide supérieur à la moyenne, en particulier dans l’Orne, la Manche et le Calvados.
Le 3114 est donc une ressource à privilégier en cas d'envies suicidaires ou de souffrance psychique. Jusqu'à maintenant, toutes les personnes ayant composé ce numéro ont accepté le soin ou la désescalade.