La Dilcrah, instance gouvernementale de lutte contre les discriminations, a annoncé, jeudi 16 mai 2024, saisir le procureur de la République pour des "propos antisémites" tenus sur les réseaux sociaux par l'influenceuse originaire de Rouen, Poupette Kenza.
"À la demande de la ministre Aurore Bergé, la Dilcrah signale au procureur de la République les propos antisémites tenus par cette influenceuse sur ses réseaux sociaux", a indiqué sur X la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT).
À la demande de la ministre @auroreberge, la #DILCRAH signale au Procureur de la République les propos antisémites tenus par cette « influenceuse » sur ses réseaux sociaux.
— DILCRAH (@DILCRAH) May 16, 2024
L’appel au boycott fondé sur la religion est inacceptable.
Face à l’#antisémitisme, tolérance zéro. https://t.co/0BWAMXWtoe
Une vidéo qui ne passe pas
Dans un message vidéo, l'influenceuse comptant plus d'un million d'abonnés sur Instagram affirmait mercredi: "Je suis une pro palestinienne, je ne travaille pour aucune personne sioniste ou juive (...) Je n'ai aucun partenaire, aucun agent qui est juif".
Dans une seconde vidéo, elle a ensuite assuré s'être "mal exprimée" et avoir "rectifié" ses propos. "J'ai rien contre les juifs (..) j'ai juste contre les sionistes et ceux qui financent le génocide, ceux qui financent ce massacre", a-t-elle ajouté.
Après avoir été inaccessible, son compte était à nouveau disponible jeudi en fin d'après-midi sur le réseau social Instagram, qui n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
L'influenceuse y a posté un message où elle présente ses "excuses" pour "des propos graves" qu'elle a tenus.
Elle affirme par ailleurs faire l'objet "d'une vague de haine (...) sans précédent , accompagnée de menaces de mort et de viol".
Après la plainte de la Dilcrah, elle juge en outre "lamentable et dangereux que le gouvernement français (l)'utilise et (la) jette en pâture à des fins politiques".
Aurore Bergé : "Je ne laisserai rien passer"
Jeudi la ministre chargée de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé a estimé sur la plateforme X que "boycotter des femmes et des hommes en raison de leur identité ou religion, c'est évidemment illégal".
Boycotter des femmes et des hommes en raison de leur identité ou religion, c'est évidemment illégal.
— Aurore Bergé (@auroreberge) May 16, 2024
Une "influenceuse" s'est à nouveau illustrée récemment.
Face à l'antisémitisme, au racisme, je ne laisserai rien passer.
La @DILCRAH sera chargée de faire un signalement au… pic.twitter.com/nGMNpJF3LT
"Face à l'antisémitisme, au racisme, je ne laisserai rien passer", a-t-elle ajouté en chargeant la Dilcrah de faire un signalement.
Une plainte de l'Union des étudiants juifs de France
L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a également annoncé sur X qu'elle déposait plainte "pour incitation à la haine et à la discrimination". "De tels propos haineux diffusés à plus d'un million d'abonnés mettent en danger les juifs", selon l'association.
«Je ne travaille pour aucune personne sioniste, aucune personne juive»
— UEJF (@uejf) May 16, 2024
Nous déposons plainte contre #PoupetteKenza pour incitation à la haine et à la discrimination.
De tels propos haineux diffusés à plus d’un million d’abonnés mettent en danger les juifs. @SachaGhozlan https://t.co/WLrgRll7mY
Le président du Fonds social juif unifié (FSJU) Ariel Goldmann a vu là "la preuve qu'antisionisme et antisémitisme ne font qu'un".
"Il faut agir vite pour que les réseaux sociaux ne soient plus la caisse de résonance de l'antisémitisme, notamment chez les plus jeunes", a de son côté affirmé le collectif Nous vivrons, né au lendemain de l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Originaire de Rouen
Poupette Kenza, de son vrai nom Kenza Benchrif, est une des influenceuses les plus populaires sur les réseaux sociaux français. Elle est originaire de Rouen.
Elle avait été épinglée en 2023 par la Répression des fraudes pour pratiques commerciales trompeuses, après avoir fait la promotion d'un blanchisseur de dents interdit en France. Elle avait accepté de payer 50.000 euros dans le cadre d'une "transaction pénale".