Dans les vergers des boucles de la Seine, les arbres à fruits sont particulièrement feuillus, mais les fruits sont souvent rares ou abîmés. La gelée tardive du printemps a provoqué une situation qualifiée de catastrophique par les arboriculteurs.
"Sur ces 200 arbres, si j'ai un kilo et demi de fruits, ça va être le maximum", constate avec tristesse Jean-Yves Simonne, arboriculteur, dans une allée de son verger de Notre-Dame-de-Bliquetuit en Seine-Maritime.
Il ajoute : "Pour la récolte, je passerai plus de temps à chercher les pommes qu'à les cueillir à proprement dit". Ce travail dans les vergers va commencer fin août.
La pomme, fruit emblématique de la campagne normande, a subi la morsure du gel de la nuit du 22 au 23 avril 2024.
Le 23 avril, il a commencé à geler à 1 heure du matin, on était à -1 degré, à 6 heures à -3 degrés, c'était trop tard.
Jean-Yves Simonne, arboriculteur à Notre-Dame-de-Bliquetuit
Des gels printaniers de plus en plus fréquents
Les méandres des boucles de la Seine sont un terroir propice à l'arboriculture. On l'appelle la route des fruits. La terre des rives du fleuve est fertile et les falaises de craies protègent du froid et du vent.
Depuis quelques années, les gelées tardives sont plus fréquentes, 3 épisodes en 5 ans pour Eric Demoy, arboriculteur à Heurteauville près de Jumièges. Il se souvient, c'était un épisode de gel catastrophique, tous les 20 ans pour ses grands-parents.
Pour limiter les effets de cet aléa, "il faut", dit-il, "avoir plusieurs vergers à différents endroits".
Cet arboriculteur qualifie lui aussi la situation de cette récolte de catastrophique. Ses variétés de pommes Cox Orange et Belchard Chanteclerc ont été ravagées par le gel.
En France, des centaines d'arboriculteurs font le même constat, par exemple en Corrèze, ou dans le Berry.
Des systèmes de protection contre le gel existent, notamment par aspersion de gouttelettes d'eau sur les arbres pour créer un bouclier de glace. Ces équipements sont un gros investissement.
Depuis 2022, la loi "assurance récolte" modifie les conditions d'indemnisations en cas d'aléa exceptionnel et prévoit des subventions pour soutenir les agriculteurs qui souscrivent une assurance pour leur récolte.
Seules 17% des surfaces agricoles étaient assurées en 2022. Ce taux augmente depuis la réforme.