La Métropole Rouen Normandie vote contre le projet de contournement autoroutier de Rouen

Le financement du projet connu sous le nom de "Contournement Est de Rouen" était à l'ordre du jour du conseil métropolitain de ce lundi 8 février 2021. Après des heures de débats la Métropole a dit non. 

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On en parle depuis des décennies. Ses partisans le considèrent comme un moyen de désengorger la circulation dans le centre de l'agglomération de Rouen et  comme un moteur de l'économie locale.
Alors que ses opposants lui reprochent d'être un projet du passé, du temps du tout camion et de non-respect de l'environnement.

Finalement les élus de la métropole ont voté contre ►Lire plus bas

Une décision qui a suscité de vives réactions  ► Lire plus bas

En 2020, le projet de contournement routier de  Rouen par une autoroute à péage partant de l'A28, passant à l'Est et rejoignant l'A13 au niveau de Val de Reuil (Eure) via la vallée de l'Andelle était bien parti, soutenu par l'Etat et trois collectivités: la région de Normandie, le département de Seine-Maritime et la métropole de Rouen.

La Métropole a voté contre un peu avant minuit 

Mais en ce début 2021, depuis que le (nouveau) président de la métropole de Rouen Normandie a annoncé vouloir refuser de financer ce projet, l'avenir du "Contournement Est" semble compromis…

Il appartenait donc aux 125 conseillers métropolitains (élus au suffrage indirect, après les municipales) de débattre et de voter pour ou contre le financement du "Contournement Est" à hauteur de 66 millions d'euros.

Après des heures de débat, les élus ont voté. Résultat : 76 pour, 43 contre, 4 abstentions.

Quelques heures avant ce vote de la délibération à l'ordre du jour du conseil métropolitain du lundi 8 février 2021, Nicolas Mayer-Rossignol a rappelé et détaillé les raisons de son refus :

"Après le retrait unilatéral du département de l’Eure et de la CASE, il n’y a aucune raison que nous financions ce projet qui concerne ces collectivités pour 30% de son tracé. Nous appelons l’État et tous les acteurs concernés à engager avec la Métropole des alternatives durables pour décongestionner nos routes et privilégier les mobilités de demain. Le monde change, changeons avec lui !".

Les débats et prises de paroles (par vidéo-conférence) ont duré jusqu'à plus de 23h30. Opposants comme défenseurs exprimant (parfois longuement) leurs arguments respectifs. 

Soulagement dans l'Eure

Au lendemain du vote rouennais, à Alizay, commune euroise qui devait être traversée par le projet d'autoroute, le maire (PCF) exprimait sa satisfaction :

"C'est quand même une bien bonne nouvelle ! C'est un apaisement que l'on attendait vraiment avec impatience parce qu'on se bat déjà depuis beaucoup d'années contre ce projet qu'on considérait comme un non-sens."

Un projet qui n'allait pas dans le sens de l'histoire.
Ça ne désengorgerait rien, cela aurait fait une autoroute supplémentaire sur le territoire, on ne parlait pas de rocade."

Arnaud Levitre,
maire (PCF) d'Alizay (Eure)

La colère du maire de Bihorel

Située au nord de Rouen et traversée par les camions quand le tunnel de la Grand-Mare est fermé (ce qui arrive chaque jour ou presque) Bihorel est une commune qui attendait beaucoup du contournement de Rouen par l'Est.  D'où la colère de son maire au lendemain du vote métropolitain :

"Aujourd'hui, un projet d'intérêt général est devenu un projet politique, tout simplement… "

C'est à l'Etat de prendre ses décisions et ses responsabilités maintenant ; mais pour un équipement qui me semble tout à fait essentiel pour l'attractivité de notre territoire."

Pascal Houbron,
maire (UDI) de Bihorel (Seine-Maritime)  

Premières réactions

Comme EELV à Paris, David Cormand, le député européen écologiste (qui habite l'agglomération de Rouen) salue une victoire écologique :

"Un combat historique dans lequel une victoire décisive vient d’être remportée: L’abandon par la Métropole de Rouen de la liaison A28-A13 couramment appelée « contournement Est ». Une victoire des citoyen•nes mobilisé•es et des écologistes"

Président du département de Seine-Maritime, Bertrand Bellanger a réagi à ce vote de la métropolecontre le financement du projet et a exprimé sa déception et sa vive colère face à cette décision :

"Le projet de contournement est en grand danger, mais pas encore enterré. L'intérêt général doit primer !"

Maire PS de Maromme et 3e vice-président de la Métropole David Lamiray a pourtant voté contre la délibération :

"Dans toutes les instances où j'ai eu à siéger et où je siège encore je me suis toujours prononcé en faveur de ce projet de  grand contournement Est (…) Pour quelles raisons ? Tout simplement parce que cette liaison autoroutière [est] selon moi (…) la moins mauvaise solution pour désengorger la ville de Rouen et sa périphérie."

Maire (UDI) de Bihorel, Pascal Houbron a exprimé un

"Sentiment de honte et de colère suite à un pseudo-débat où les votes étaient connus d'avance…"

Les voix des "petits" maires et des indépendants rendues inaudibles par des accords entre partis politiques ? C'est ce qu'affirme Laurent Bonaterre maire (ex-PS) de Caudebec-lès-Elbeuf qui dénonce une "mascarade de démocratie" à la Métropole Rouen Normandie :

" Plus de la moitié des maires de la Métropoles qui se sont exprimés a voté contre la délibération de renoncement au projet. Ce sont les maires qui sont et seront les premiers à devoir expliquer le choix de l'assemblée à leurs concitoyens (…) la métropole est désespérement otage des accords électoraux et politiciens conclus entre Nicolas Mayer-Rossignom et les Verts".

"Etat d'urgence"

Ce qui était proposé ce lundi soir au conseil métropolitain de Rouen c'était de déclarer "l’état d’urgence climatique sur le territoire et de rejoindre la campagne mondiale  Cities Race to Zero". C'est dans ce contexte qu'il est également proposé aucx conseillers de refuser de financer le projet du "Contournement Est".

Des propositions pour des alternatives au contournement

Dans un communiqué publié avant le conseil métropolitain, Nicolas Mayer-Rossignol a détaillé les arguments qui motivent son refus de soutenir le projet de cette nouvelle autoroute. Il a aussi adressé des propositions à l'Etat, à la région de Normandie et au département de Seine-Maritime :

"2020 a été jalonnée dans le monde mais aussi dans notre pays par des évènements climatiques extrêmes. Elle a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début des relevés météorologiques. L’urgence écologique nous oblige à nous interroger et à réfléchir en conscience : est-il intellectuellement compatible d'acter une réduction drastique et urgente de nos émissions de CO2 (selon les engagements de la France et de l’Union européenne : -55% d'ici 2030, soit d’ici neuf ans), tout en portant un projet qui aboutirait à des émissions supplémentaires de CO2 de 50000t/an ?"

"Dans ce contexte, il est proposé au Conseil de la Métropole Rouen Normandie de ne pas financer, dans ces conditions, la réalisation de l’A 28-A 13. Il est demandé à l’État, au Conseil régional et au Conseil départemental d’engager dès à présent avec la Métropole un travail opérationnel et financé sur les aménagements et infrastructures routières et ferroviaires, de court et moyen terme, qui sont essentielles pour notre territoire."

Il est également demandé à l’État, au Conseil régional et au Conseil départemental de s’engager précisément sur :

 La mise en place d’un péage, a minima pour les Poids Lourds au Pucheuil sur l’A28, avec régulation par variation du tarif péage en fonction des horaires, et des aires de stationnement dédiées pour les Poids Lourds ;

 L’interdiction des Poids Lourds au-dessus d’un certain gabarit dans l’intra boulevard Rive Gauche et Rive Droite, avec mise en place de plateforme de logistique dernier kilomètre pour les commerçants au MIN Rive Droite et dans la zone portuaire Rive gauche ;

 L’instauration d’une voie réservée au covoiturage (pour lutter contre l’autosolisme) activable en cas de bouchons (Sud III, Boulevard Industriel, A 150…), comme cela se fait ailleurs en France et en Europe;

 La mise en place d’un service BHNS sur l’axe Rouen-Barentin (A 150) et l’aménagement des délaissés pour permettre de dédier une voie aux véhicules lents (avec mise en place d’un mur anti-bruit) ;

 La mise en place d’un itinéraire obligatoire pour les poids lourds sur le boulevard maritime délestant la Sud III ;

 Les aménagements de la tête Nord du Pont Flaubert, permettant d’achever l’infrastructure autoroutière existante qui est aujourd’hui utilisée de façon sous-optimale ;

 La réalisation de la Gare Nouvelle Saint-Sever et plus largement de la Ligne Nouvelle Paris Normandie, ainsi que l’étude d’une liaison Tram-train sur l’axe Yvetot-Rouen-Elbeuf.

"En cette période plus qu’incertaine, la coopération des acteurs publics et le travail collectif sont primordiaux pour le territoire. La crise Covid le démontre. Demain, la crise climatique nous le rappellera encore plus fort. Il est donc proposé au Conseil métropolitain d’appeler à ce qu’une telle coopération se poursuive pour aider notre Métropole à faire face à ces grands enjeux et lui permettre de relever les défis du siècle."

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