Construites en série pour équiper des centaines de communes afin de permettre l'apprentissage de la natation, les piscines circulaires de type Tournesol sont devenues rares. Si beaucoup ont été récemment détruites, cinq sont encore en activité en Normandie, comme celle de Petit-Quevilly (Seine-Maritime) qui va bientôt rouvrir après deux ans de travaux.
On les appelle Tournesol parce qu'elles ont des sortes de pétales et qu'elles devaient, initialement, pouvoir tourner pour suivre les rayons du soleil.
Ces piscines circulaires, ressemblant à des soucoupes volantes, ont été imaginées à la fin des années 60 par Bernard Schoeller. L'architecte avait remporté un appel d'offres de l'Etat pour concevoir, selon le cahier des charges demandé, une piscine économique, pouvant être construite rapidement et partout.
En 1969, constatant le retard pris dans l'apprentissage de la natation (et après de tragiques noyades d'enfants l'année précédente) le gouvernement de l'époque avait décidé un grand plan d'équipement du territoire avec l'objectif de construire mille piscines.
C'est ainsi que débuta la fabrication en série des piscines Tournesol, toutes sur le même modèle, avec un bassin de 25 mètres de long, surmonté d'une coupole de 35 mètres de diamètre (constituée d'arches métalliques) dont un tiers pouvait s'ouvrir les jours d'été.
Les douze Tournesol de Normandie
De nombreuses communes manifestèrent leur intérêt pour cet équipement sportif moderne et passèrent commande. En Normandie, douze furent construites dans le courant de l'année 1975.
Deux dans la Manche : à Cherbourg et Granville ; deux dans l'Orne : à Flers et Mortagne-au-Perche ; trois dans l'Eure : à Etrépagny, Saint-Marcel et Pacy-sur-Eure ; quatre en Seine-Maritime : Arques-la Bataille, Bonsecours, Petit-Quevilly, Malaunay et Montivilliers.
Patrimoine du XXe siècle
Leur forme originale, les couleurs orangées, et les matériaux plastique utilisés font de ces piscines des témoins historiques du patrimoine de l'architecture de la fin des années 70. Mais avec le temps, le manque d'isolation, les nouvelles normes et les regroupements de communes qui ont permis le financement de grands centres nautiques modernes, les piscines Tournesol ont été, à partir du début des années 2000, progressivement, démolies.
En Normandie, sur les douze construites en 1975, il n'en reste plus, début 2022, que cinq en activité : celles de Cherbourg-en-Cotentin, Pacy-sur-Eure, Etrépagny, Malaunay, et Petit-Quevilly. Celle de Granville, lire plus bas, étant fermée mais pas détruite.
Le choix de Petit-Quevilly
Commune de la banlieue sud de Rouen, Petit-Quevilly a décidé de conserver sa vieille piscine de type Tournesol. Un grand projet d'urbanisme a été lancé pour une rénovation urbaine de tout un quartier autour de cet équipement sportif et de loisirs. Avant la plantation d'une petite forêt, et pendant la construction d'une école, la piscine a été entièrement refaite.
Si les arches métalliques ont été conservées ainsi que la forme de "soucoupe volante", tout le reste a été refait et mis aux normes. Le toit est désormais fixe, mais une grande ouverture vitrée donne sur une terrasse et un bâtiment d'accueil a été accolé à l'ancienne structure des années 70.
Après deux ans de travaux d'un coût de 5 millions d'euros, la piscine Tournesol de Petit-Quevilly va rouvrir fin janvier 2022.
Des piscines Tournesol transformées
Si des communes entretiennent ou rénovent leur piscine Tournesol des 70's, d'autres, plutôt que de la détruire, ont fait de le choix de la transformer en salle de sport, en lieu culturel ou de loisirs.
Celle de Granville (Manche), fermée en 2018, devait être transformée par des investisseurs en une originale salle de sport dédiée au surf avec une installation de "vague statique et profonde pour permettre l'apprentissage du surf en toutes saisons"