Dans un communiqué commun, cinq organisations syndicales expriment leur incompréhension après l'annonce par la Région de la suppression de 20 trains par jour à partir du 28 mars 2022, au moment où le prix du carburant a beaucoup augmenté.
Prendre le train en Normandie, et notamment pour aller à Paris est depuis des années source de tracas et d'imprévus.
Temps de trajet plus long que dans les années trente, travaux, pannes, trains pas préparés à temps, toilettes hors service, chauffage éteint, rames sous dimensionnées et donc bondées avec voyageurs debout, trains supprimés au dernier moment : les milliers de Normands qui prennent quotidiennement le train pour aller travailler à Paris (ceux qu'on appelle les "navetteurs") connaissent bien ces soucis et aléas.
L'arrivée progressive, depuis deux ans, de nouvelles rames neuves Omnéo Premium, achetées par le conseil régional de Normandie présidé par le centriste Hervé Morin, améliore peu à peu la situation, ainsi qu'une offre renforcée de trains "Krono +" .
Des trains supprimés au printemps 2022
Le 10 mars 2022, la Région de Normandie a annoncé que "face à la baisse de fréquentation observée dans les trains Nomad, la Région et la SNCF optimisent l'offre de transport à partir du 28 mars." Cette décision est motivée, explique le conseil régional de Normandie par la diminution des déplacements professionnels et du développement des outils de travail à distance."
L'autre raison serait la conséquence de "la crise sanitaire qui a engendré une baisse importante de la fréquentation sur les lignes normandes : - 24 % à fin 2021 et -10 % estimé pour 2022 par rapport à 2019." Toujours selon la Région, les trains depuis et vers Paris ont un taux de fréquentation d’en moyenne 46 %, "bien en deçà de la valeur d’équilibre du service qui est de 60 %"
Conséquence de cet "ajustement" : des suppressions de trains en semaine.
Ce qui a fait réagir les associations d'usagers/ clients de la SNCF comme L'UDUPC, qui sur Twitter, déplorait que cette mesure soit prise à un moment où les transports collectifs sont une alternative à l'augmentation du coût des transports en automobile : "Nous ne cautionnons pas cette initiative de la région Normandie Les suppressions de mesures sanitaires, la hausse du carburant, la prise de conscience générale sur le changement climatique font que nous pensons que ce n'est pas le moment de supprimer des trains."
"Inacceptable" pour l'intersyndicale des cheminots
Autre réaction à la suppression, dès le 28 mars 2022 de près de 20 trains par jour, celle de l'intersyndicale des cheminots de Normandie. Dans un communiqué commun, CGT, UNSA, Sud, CFDT et FO dénoncent "une décision politique de la majorité au conseil régional, appuyée par la direction SNCF, qui va à contresens des besoins grandissants en transports propres des Normands."
Ces syndicats, qui martèlent que "c’est inacceptable pour les voyageurs, inacceptable pour la population, et inacceptable pour les salariés du rail !" qualifient la décision de supprimer des trains "d'inepte". Ils affirment que cette réduction de l'offre de transport est la conséquence de "mauvais choix managériaux et politiques" .
Selon l'intersyndicale des cheminots normands, la promesse faite par Hervé Morin en décembre 2019 d'augmenter le nombre de trains de 20% en Normandie n'a jamais été mise en place et ce pour différents prétextes, les véritables motifs toujours selon l'intersyndicale, "n’ont en réalité jamais été annoncés et ils ont même été cachés. En effet, les moyens humains et matériels n’ont jamais été mis à la hauteur du plan de transport qui avait été « vendu ». Pas assez de conducteurs, de contrôleurs, d’agents de maintenance des matériels et des infrastructures. Et également un manque d’investissements et des organisations de travail mal dimensionnées."
Trains normands
C'est le 1er janvier 2020 que la Région de Normandie, a repris la gestion des lignes de trains Intercités normandes :Paris-Caen-Cherbourg/Trouville-Deauville, Paris-Rouen-Le Havre, Paris-Granville, Paris-Evreux-Serquigny et Caen-Le Mans-Tours.
Et toujours en 2020, le nom de NOMAD a été choisi comme "marque" pour le réseau de mobilité de toute la Normandie (hors transports urbains et scolaires) : trains, autocars, transports à la demande et co-voiturage afin d'offrir "de nouvelles solutions de mobilité sur le territoire normand."