Lubrizol : L'accident aurait bien eu un impact sur la santé mentale des populations exposées

Une étude épidémiologique de Santé publique France révèle que les habitants des zones exposées à l’incendie des entrepôts Lubrizol et NL Logistique souffrent de trouble de stress post-traumatique, d'anxiété généralisée ou encore de dépression.

2000 personnes résidents dans la zone traversée par le panache de fumée dégagé par les entrepôts de Lubrizol et NL Logistique le 26 septembre 2019 ont été interrogées dans une étude de Santé publique France. Les résultats obtenus montrent l’existence d’un lien entre l’exposition à l’incendie et la santé mentale des personnes exposées.

  • 6% de la population de la zone exposée présentait un trouble de stress post-traumatique probable et attribué à l’incendie
  • 15% de la population de la zone exposée présentait une anxiété généralisée probable
  • 18% de la population de la zone exposée présentait une dépression probable

Des troubles liés à la proximité de l'accident

Plus on se rapproche du lieu de l’accident Quai de France sur la rive gauche à Rouen, plus les chiffres augmentent. 13% des personnes habitant à moins de 1500 mètres des installations incendiées souffriraient de trouble de stress post-traumatique, 24% d’anxiété généralisée et jusqu’à 29% de dépression.

Réactions lors du dernier comité de transparence

Cette étude n’étonne pas les associations de victimes présentes lors du dixième et dernier comité de transparence et de dialogue organisé vendredi 10 décembre. Elles exigent désormais une prise en charge des frais médicaux par Lubrizol.

« C'est à l'industriel de payer les factures de psychologue, de psychiatre, de n’importe quel suivi », défend Simon de Carvalho, président de l’Association des sinistrés de Lubrizol.

De son côté, le préfet de Seine-Maritime rappelle qu’au-delà des symptômes immédiats après l’incendie, aucun impact sur la santé physique à plus long terme n’a été détecté au sein de la population. « Je rends compte de manière factuelle des données qui sont produites et si ces données sont rassurantes, et bien elles sont rassurantes », observe Pierre-André Durand, avant de de conclure : « On a un certain nombre d’acteurs qui ne veulent pas l’entendre, qui sont enfermés dans une position. C’est un peu sans solution ».

Absence de suivi au long cours

Les associations de victimes regrettent qu’aucun prélèvement n’ait été réalisé sur la population. « Il fallait prendre des prélèvements biométriques pour pouvoir juger si plus tard il se passerait quelque chose. Sur des personnes à risque comme les femmes allaitantes. Ça aurait dû être fait et ça pourrait être corrigé aujourd’hui mais ce n’est pas le cas », constate Pierre-Emmanuel Brunet, président de Rouen Respire, le collectif citoyen pour la transparence sur l'accident Lubrizol et la défense des victimes.

Le président de l’Association des sinistrés de Lubrizol déplore également l’absence de suivi sanitaire de la population du territoire. « Nous avons inhalé pendant plus de douze heures des produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques et ça c’est très grave quand même », s’inquiète Simon de Carvalho, bien décidé à poursuivre le travail d’enquête sanitaire avec l’association.

Installé en octobre 2019, en présence de plusieurs ministres, le comité de transparence et de dialogue vivait ce matin ces dernières heures. Il a été dissous après deux ans de travaux.

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